Nous avons déjà vu dans un de mes billets de veille sur les changements climatiques que cinq pays seulement sont à l’origine de la moitié des émissions de gaz à effet de serre mondiales, selon un classement par pays qui a été présenté en décembre à Durban par la société britannique Maplecroft. La Chine, les États-Unis, l’Inde, la Russie et le Japon dominent ce classement mondial ; ils sont suivis par le Brésil, l’Allemagne, le Canada, le Mexique et l’Iran. Six des 10 premiers pays sont des pays émergents (dont la Chine, l’Inde et le Brésil à la vitesse grand V) et les quatre autres des pays développés. La méthode de calcul utilisée combine les chiffres de 2009 de la consommation d’énergie et les chiffres estimés pour 2010.

Le problème avec ce classement est qu’il n’est pas gratuit ! Si on veut avoir des informations détaillées sur les émissions de CO2 par pays, on peut cependant consulter wikipedia. Leur classement est le même pour les cinq premiers pays émetteurs, mais diverge pour le reste, du fait qu’il ne considère que les CO2, excluant les autres gaz à effet de serre responsables du changement climatique, comme le méthane ou le protoxyde d’azote, alors que le classement de Maplecroft mentionné plus haut les intègre. Ainsi, au lieu d’être le 6e, le Brésil est le 15e dans le classement de Wikipédia (le Brésil étant un grand émetteur de méthane en raison du déboisement et de l’élevage à grande échelle de bovins). Les statistiques sont significativement plus faibles sur Wikipédia : la Chine a émis 9 441 millions de tonnes d’équivalent CO2 dans le classement de Maplecroft et de 8 240 millions dans celui de Wikipédia, les États-Unis 6 539 millions et 5 492 millions, l’Inde 2 272 millions et 2 069 millions de tonnes. Selon le classement Wikipédia, le Canada arrive au 9e rang avec 518 millions de tonnes d’émissions de CO2 (excluant, je le répète, les autres gaz).

Par capita, on le comprend aisément, le classement des pays émetteurs n’est plus tout à fait le même. Le tableau du site de Wikipédia permet de présenter ce classement (note : il faut diviser le chiffre indiqué par 10 pour obtenir le véritable nombre de tonnes de CO2 par habitant). Dans ce classement par capita, les cinq premiers pays sont respectivement l’Arabie Saoudite (18,2), les États-Unis (17,6), l’Australie (16), le Canada (14,9) et la Russie (11,8). Si on fait exception de la Corée du Sud qui tient la 6e place avec 11,5 tonnes par habitant, tous les autres habitants de la planète émettent en moyenne moins de 10 tonnes de CO2. En passant, les émissions par capita de la Chine augmentent rapidement : en 2010 elles auraient dépassé le seuil des 6 tonnes par habitants.

Pour le Québec, en ne tenant compte que des émissions de CO2 (c’est-à-dire en excluant les émissions de GES provenant de l’agriculture et des déchets, émetteurs de méthane), on obtient le chiffre de 70 millions de tonnes pour l’année 2009. Ça représente 7,5% des émissions canadiennes, alors que le Québec représente 23% de la population. Par capita, les Québécois émettaient donc, en moyenne, moins de 9 tonnes de CO2 en 2009. Si on exclue le Québec, les émissions de CO2 par capita du ROC remontent à 17 tonnes.

Voyons maintenant pour le classement des leaders de la réduction. Le Réseau européen d’action pour le climat et GermanWatch ont produit un classement de 58 pays en fonction de leurs actions pour la réduction des émissions de CO2 (eux aussi excluent les autres gaz en raison de la difficulté de l’accès aux données). Dans leur classement dévoilé lors de la Conférence de Durban, ils ont décidé d’éliminer les trois premières positions puisqu’aucun pays n’avait suffisamment pris d’action pour la lutte contre le réchauffement qui leur aurait mérité d’apparaître sur les trois meilleures places du podium ! Néanmoins les trois meilleurs pays détenant respectivement les 4e, 5e et 6e positions sont la Suède, le Royaume-Uni et l’Allemagne. Les pays qui sont en queue de peloton sont l’Arabie Saoudite, l’Iran et le Kazakhstan. Les États-Unis et le Canada arrivent respectivement au 52e et 54e rang (sur 58 pays classés). Les deux pays améliorent leur classement, mais c’est en raison de la baisse de l’activité économique due à la récession (le classement utilise en effet les données des émissions de 2008 et 2009).