Récemment, Harvey L. Mead, fondateur de Nature Québec, qu’il a présidé de 1981 à 2006, puis Commissaire au développement durable du Québec 2007-2008, a édité une version en ligne gratuite de son ouvrage de référence L’indice de progrès véritable : Quand l’économie dépasse l’écologie, publié en juin dernier aux Éditions MultiMondes. Cette synthèse, qui fait une quarantaine de pages bien tassées, devrait être lue par toutes les personnes intéressées par les questions de développement et d’environnement et par les façons alternatives d’évaluer ce qui se passe dans ces domaines,
La synthèse abrège la présentation de la méthode IPV appliquée au Québec pour donner aux lecteurs une vue d’ensemble de l’ouvrage. Le travail constitue une application au Québec des recommandations de plusieurs interventions à l’échelle internationale, visant à corriger notre recours irréfléchi et inapproprié au PIB pour évaluer notre progrès en matière de développement. En 2009, les prix Nobel de l’économie Joseph Stiglitz et Amartya Sen, avec Jean-Paul Fitoussi, ont soumis au gouvernement de la France un rapport répondant à un mandat de montrer les alternatives à ce recours. Dans la même année, Stiglitz a déposé un autre rapport en ce sens, cette fois directement aux Nations-Unies. Et depuis près de dix ans, l’OCDE, la Commission européenne, le WWF et d’autres travaillent à une initiative Beyond GDP, dans le même sens.
Ce qui motive ces interventions est en tout premier lieu le constat que le PIB est fait pour mesurer l’ampleur de l’activité économique d’une société, mais exclut par sa méthodologie une prise en compte de ce que les économistes appellent des « externalités ». Le but de l’ouvrage est de fournir justement une évaluation des coûts (ou des bénéfices) de ces externalités, qui influent directement, et en grande partie négativement, sur notre développement.
La démarche de l’IPV en est encore à ses premiers balbutiements. Certaines de ses approximations sont questionnables. C’est normal, beaucoup trop d’indicateurs indispensables à sa mesure n’ont jamais été développés par les organismes de statistiques. Pourtant, comme les lecteurs pourront le constater en parcourant la synthèse de l’ouvrage de Harvey Mead, le raisonnement général de la démarche et les nombreuses réflexions qu’il nous amène à faire en la suivant, sont d’une richesse incomparable. C’est à coup sûr le premier pas pour un renouvellement en profondeur de la comptabilité nationale.
[...] progrès véritable du Québec : quand l’économie dépasse l’écologie (à ce propos, il faut lire le billet d’OïkosBlogue paru la semaine dernière), Harvey Mead souligne le caractère non renouvelable des ressources minières : leur exploitation [...]