De la conférence internationale de Lévis en septembre 2010 jusqu’à aujourd’hui et bientôt le Sommet international des coopératives piloté conjointement par Desjardins et l’Alliance coopérative internationale (ACI) en octobre prochain, deux ans ont passé. Et en une période aussi courte, bien des choses relativement inédites auront été réalisées.
D’abord on n’hésite plus, dans le mouvement, à parler des dérives du capitalisme et à présenter les coopératives comme parties prenantes des solutions de sortie de crise, preuves à l’appui. L’exemple, comme on le sait, est venu de haut, de Mme Leroux à l’occasion du lancement de l’Année internationale des coopératives. Mais il avait été précédé d’un ouvrage qui rendait compte des débats tenus par quelques 600 dirigeants lors de la conférence de Lévis, débats posés dans les termes d’une crise majeure liée au modèle économique dominant (Favreau et Molina, PUQ, 2011)
Ensuite, de plus en plus nombreux sont les dirigeants de plusieurs organisations coopératives (des dirigeants de fédérations sectorielles ou de regroupements régionaux comme les CDR, des militants des nouvelles pousses coopératives) qui veulent de moins en moins qu’on définisse les coopératives comme un simple réseau d’entreprises un peu particulières. Ils cherchent plutôt à définir les coopératives comme un mouvement et comme un mouvement porteur d’une pensée économique et sociale qui se distingue de celle du modèle économique dominant : dans toutes les régions où se déroulent des forums organisés dans la mouvance de Lévis 2010, c’est ce fil conducteur qui anime les participants. À cet effet, il est utile de consulter le document préparatoire de ces forums, Huit enjeux de société à discuter.
En effet, on se mobilise dans les régions autour de thèmes qui sortent de l’ordinaire et qui s’inspirent d’une démarche de projet de société en chantier initiée à Lévis lors de cette conférence internationale: développement durable et solidaire de nos communautés, renouvellement des services collectifs dans nos communautés, réponses à l’urgence écologique, coopération internationale Nord-Sud, questionnement sur l’action politique la plus appropriée, etc. Fait à noter, le mouvement coopératif, au Québec comme au plan international, a pris conscience de sa faible influence sociopolitique auprès des pouvoirs publics et des institutions internationales, d’une influence qui ne correspond pas à son poids économique et à sa volonté de faire avancer une économie qui ne soit pas au service de l’appât du gain. Bref, il sait qu’il se «fait avoir» par les lobbies des multinationales : sur les normes comptables internationales, par la finance spéculative tolérée par les pouvoirs publics, sur les questions de développement durable où il est en voir de devenir de plus en plus exigeant, etc.
De plus, les coopératives québécoises, avec l’adoption par l’ONU de 2012 comme année internationale des coopératives, sont beaucoup plus conscientes de faire partie d’un mouvement international. Et on sait, dans les coulisses de l’histoire, que c’est l’Alliance coopérative internationale (ACI) qui a obtenu cette adoption. Ce n’est pas venu par une opération miraculeuse. Les dirigeants du mouvement sont aussi plus conscients de la dimension internationale, laquelle peut prendre sa pleine mesure au sein de l’ACI, donc d’un mouvement organisé à cette échelle. On découvre ou redécouvre l’ACI d’autant plus qu’on voit mieux la dimension planétaire de la crise et que l’ACI a pris un visage très concret au Québec avec la venue de Mme Pauline Green, sa présidente (première femme élue à la tête de l’ACI). Et avant elle, avec Felice Scalvini du mouvement coopératif italien, l’un des vice-présidents de cette organisation venu ouvrir la conférence de Lévis. De plus la solidarité internationale Nord-Sud devient aujourd’hui plus visible par Développement international Desjardins (DID) et par SOCODEVI toutes deux très présentes et actives aux Rencontres du Mont-Blanc dont nous avons déjà parlé en janvier dernier.
Sans compter l’effervescence intellectuelle qu’a suscité plusieurs activités de dirigeants de coopératives travaillant en partenariat avec des centres de recherche universitaire et des regroupements d’acteurs. Il faudra également surveiller de près l’activité majeure à l’automne, le Sommet international des coopératives, lequel n’entend pas faire un seul événement de ce sommet mais bien le premier d’une série de rencontres internationales qui renforceraient latéralement l’ACI. Le 16e bulletin électronique produit dans la mouvance de la Conférence internationale de Lévis traduit bien ces avancées. Néanmoins, il n’y a pas que des avancées. La coopération internationale des OCI dans leur ensemble y compris celle du mouvement coopératif est menacée par les nouvelles politiques du gouvernement Harper comme nous l’avons traité récemment.
Pour en savoir plus sur les forums régionaux du Conseil de la coopération (CQCM) en Mauricie, dans Lanaudière, dans l’Estrie. Pour en savoir plus sur l’année internationale des coopératives, sur la déclaration politique du CQCM qui a été signée par de nombreuses organisations notamment syndicales (CSN, CSQ, FTQ), de coopération internationale, de développement local (CLD, SADC), sur l’initiative conjointe de la Caisse d’économie solidaire Desjardins et du GESQ à la fin d’avril, sur le dernier mémoire du Conseil au gouvernement en matière d’agriculture…on va à la page d’accueil du site suivant et on clique sur le bulletin de mars 2012.
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