Un petit ouvrage (70 pages) portant sur les coopératives québécoises dans la solidarité internationale sera lancé aux assises annuelles de la Société de coopération pour le développement international (SOCODEVI), le 8 juin prochain à Québec. L’intitulé : « Le mouvement coopératif québécois et la solidarité internationale, l’expérience de SOCODEVI ». De quoi traite-il ? En avant-propos les auteurs, Louis Favreau et Ernesto Molina, affirment que « Les coopératives ont une longue, très longue histoire. Plus d’un siècle et demi quand on remonte aux coopératives pionnières comme celle de Rochdale (1844) et aux mutuelles. Historiquement, elles ont été portées par le mouvement des travailleurs et des agriculteurs dans les pays du Nord, permettant ainsi d’illustrer les possibilités d’une société plus démocratique, plus équitable et plus solidaire. Même si elles courent toujours le risque d’être banalisées par le marché capitaliste ou instrumentalisées par l’État, les coopératives jouent toujours aujourd’hui un rôle économique et social significatif dans bon nombre de secteurs, depuis l’agriculture et la forêt en passant par les services financiers (épargne et crédit, assurances), la consommation, le logement, la santé, les services funéraires, etc. ». À cet effet, la formule du 10/10/10 du Bureau international du Travail (BIT, 2011) parle beaucoup : les coopératives et autres entreprises de caractère collectif représentent dans le monde 10 % du PIB mondial, 10 % de la finance internationale et 10 % des emplois dans le monde.
Et les auteurs d’ajouter que sans remonter trop loin dans le temps, « des milliers de coopératives ont aussi vu le jour dans les pays du Sud : de petits producteurs agricoles se sont organisés, des communautés se sont donné les services d’une finance de proximité, des services de base en matière de santé ou en matière d’infrastructures (énergie solaire par exemple). Dans le Sud, elles ont souvent le support d’organisations issues du mouvement coopératif du Nord pour leur développement. La Société de coopération pour le développement international (SOCODEVI) est de celles-là ».
Mise en contexte des deux chercheurs: « Avec la crise actuelle, les coopératives reviennent plus que jamais à l’avant-scène dans pratiquement tous les pays. L’adoption par l’ONU de l’Année internationale des coopératives en 2012 n’est pas le fruit du hasard. Avec les années 1980, nous sommes engagés dans une nouvelle phase historique du capitalisme : celle d’un capitalisme triomphant, caractérisé d’abord par sa dynamique financière et boursière, par une interdépendance économique accrue à l’échelle de toute la planète et par des délocalisations sans précédent. Cela a donné une «mondialisation libérale». La crise est globale, avec une reprise à la hausse des inégalités entre le Nord et le Sud (et au sein de ces espaces), un retour de la précarité dans le monde du travail et une urgence écologique sans précédent. Le modèle dominant a non seulement démontré son incapacité à satisfaire les populations, il est aussi un facteur majeur de dégâts écologiques (inondations, sécheresses, etc.) adossés au chômage de longue durée et à la perte d’emplois. Ce qui incite de plus en plus de communautés et de mouvements à compter d’abord sur eux-mêmes et à développer des initiatives économiques solidaires pour faire face à leurs besoins ».
Reste que les coopératives ne sont pas la panacée nous disent-ils : « elles n’offrent pas de garanties complètes contre de possibles dérives ». Elles n’en demeurent pas moins incontournables dès lors qu’il s’agit de mettre en oeuvre, concrètement, une «autre économie» au service de la société parce qu’elle est notamment fondée sur l’intercoopération à petite échelle (la communauté locale) comme à très grande échelle (au plan international). En entrevue, le directeur de l’organisation, Réjean Lantagne, nous disait considérer nécessaire : « de faire connaître l’expertise et les réussites de SOCODEVI pour en finir avec cette attitude classique du mouvement coopératif québécois de rester dans l’ombre et la discrétion, devenant un mauvais vendeur de ses succès. Il faut donc augmenter la notoriété des coopératives, de leur coopération internationale et de leur modèle de développement des affaires. Il faut faire connaître l’expertise de SOCODEVI et faire reconnaître que le développement de coopératives au Sud va se faire, entre autres, avec des ressources qui vont venir du Nord ».
Dans ce sens, Réjean Lantagne « propose de travailler l’idée d’un programme mondial de renforcement des coopératives dans le Sud, un programme mondial d’appui au développement de coopératives dans les pays en développement avec une forte implication de l’Alliance coopérative internationale (ACI) qui exerce le rôle de la représentation mondiale du mouvement coopératif ».
On trouvera donc avec ce petit ouvrage, un condensé de l’expérience d’une organisation de coopération internationale du Nord issue du mouvement coopératif québécois et opérant depuis plus de 25 ans en ayant accompagné jusqu’à maintenant plus de 650 organisations dans 40 pays du Sud.
Mentionnons que cette monographie de SOCODEVI est le produit d’une collaboration entre l’organisation et les auteurs mais qu’il ne s’agit pas d’une monographie autorisée. « Seuls les auteurs peuvent être tenus responsables des propos tenus dans ce texte » de dire très clairement l’ouvrage en avant-propos. Dans cette monographie, les auteurs en reconstituent les composantes les plus déterminantes: origine et itinéraire sociopolitique; mission de l’organisation; activités principales; budget et personnel; fonctionnement démocratique; partenariats de réalisation dans le Sud; partenaires financiers; résultats au plan économique et social. Le tout appuyé, et c’est majeur, par cinq importantes réalisations dans des communautés au Sud (Bolivie, Guatemala, Côte d’Ivoire, Vietnam et quatre pays de l’Afrique de l’Ouest dans le secteur du cacao). En amont et en aval, il s’appuie sur une mise en contexte (comment sortir du dilemme «Secours d’urgence ou empowerment des communautés») et une mise en perspective (25 années de mutation du monde : la coopération internationale mise à l’épreuve), ce qui permet d’ordonner les faits à partir des sciences économiques et sociales et non pas, comme c’est trop souvent le cas, à partir des seules sciences de la gestion.
La publication est disponible en format numérique sur le site du GESQ (à partir de 1er juin). La copie papier sera également disponible gratuitement au Secrétariat du GESQ à Montréal (mathieu.rejean@yahoo.ca) suite au lancement dans le cadre des assises annuelles de l’organisation le 8 juin prochain.
[...] délégué canadien à l’ACI des Amériques, Réjean Lantagne, également directeur de SOCODEVI, a défendu avec d’autres intervenants des Amériques et du Japon entre autres, l’adoption immédiate d’une nouvelle version suivante [...]