Définition de faux-semblant : ruse, prétexte mensonger, apparence trompeuse. Synonymes : apparence, frime, hypocrisie, simulacre, simulation, trompe-l’oeil, tromperie. Jean Charest n’est rien d’autre. Tout ce qu’il fait de potable n’est que de la frime. Au mieux s’agit-il de gestes pour répondre aux pressions populaires; au pire ils ne sont faits que pour donner une apparence. Il faut consulter les 94 aberrations mentionnées sur le site www.liberaux.net. Et il ne s’agit là que des aberrations connues. La Commission sur la corruption devrait en dévoiler une multitude d’autres. Dans les mois et les années qui viennent, les Québécois devraient assister au dévoilement de tout le réseau de corruption qui semble lier le PLQ, et les partis municipaux qui lui sont proches, avec les milieux d’affaires de la construction, du génie civil et de la mafia.
L’épisode récent de la filature d’un militant libéral, Eddy Brandone, soupçonné de tremper dans des affaires de corruption, soulève de nombreuses questions. Alors que Jean Charest y voit un complot radio-canadien contre lui, nous y voyons plutôt une nouvelle illustration d’un pouvoir gangrené par la corruption. Quand bien même le premier ministre n’y serait pas directement impliqué, le fait que la police prenne l’initiative d’abandonner une filature, et par le fait même la solidité de la preuve de l’enquête qui y est associée, démontre que le degré de corruption de ce gouvernement est tel que toute apparence de preuve devient un risque pour les policiers. Et si le « complot » était finalement ailleurs ? Eddy Brandone, que Jean Charest a connu lors de sa campagne à la chefferie du Parti progressiste-conservateur de 1993, qui est maintenant un militant libéral, serait associé au milieu mafieux de Montréal ! Cela voudrait-il dire que M. Charest aurait été le « candidat » de la mafia ? D’ailleurs, d’où provenaient les 750 000 $ que Jean Charest a reçus d’un fonds secret du PLQ entre 1998 et 2008 ? On comprendrait mieux l’obsession du gouvernement Charest d’investir, comme jamais auparavant (on est passé de dépenses annuelles de 500 millions $ en 2000 à 4 milliards $ en 2012), dans les infrastructures routières quand on sait que 10-15% serait systématiquement détourné par la corruption.
Le supposé chaos provoqué par le mouvement étudiant est aussi exemplaire de cette tromperie élevée au rang le plus élevé de la gestion publique. Le chaos, c’est Charest lui-même qui nous y mène, comme je l’expliquais dans mon billet du 5 juillet ! En déclenchant les élections pendant la période estivale, en plein dans la « crise » étudiante qui choque tant nos provinciaux les plus abrutis par les radios poubelles, le gouvernement Charest s’imaginait qu’il pouvait échapper à ses responsabilités dans les scandales de corruption par un gros show médiatique sur le thème de « la loi et l’ordre ». Mais la trêve qui semble vouloir s’imposer chez les étudiants ne lui permettra pas de voler cette élection sur leurs dos !
Les quelques promesses de ce gouvernement sont tout aussi trompeuse. La promesse des 250 000 emplois avec 6% de chômage ? Ils ont dû expliquer pourquoi ce plan prévoyait que la création de 250 000 emplois en cinq ans était nécessaire pour réduire le taux de chômage à 6 % tandis que le Mouvement Desjardins estimait que l’ajout de seulement 135 000 emplois permettait d’atteindre cet objectif et qu’Emploi-Québec fixait la barre à 173 000 postes ! La promesse de faire passer de 20 à 30 % la proportion de nouveaux bâtiments non résidentiels construits en bois d’ici cinq ans, mais sans imposer de contraintes et sans débourser un sou est du même acabit. « Je ferais bien attention à ça », déclare en conférence de presse le ministre Gignac, qui dit devoir se conformer aux accords de libre-échange, refusant aussi d’envisager une aide financière gouvernementale aux entrepreneurs pour stimuler la demande. Foutaise !
L’image « verte » du gouvernement Charest est une tromperie monumentale à mettre également à son actif. Comme le précisait Louis-Gilles Francoeur ce printemps, « au Québec la gestion environnementale ne serait pas en meilleure position [qu’ailleurs au Canada] parce qu’un inquiétant statu quo, voire des reculs, se dissimulerait sous un discours vert plutôt trompeur. »
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Si le bilan de ce gouvernement est désastreux, reste que c’est sur l’avenir du Québec que nous devons nous prononcer lors du vote du 4 septembre. Les propositions du Parti Québécois sont à cet égard intéressantes (priorité au transport en commun, indépendance énergétique, électrification des transports, reformulation de la politique minière) mais il y manque un élément essentiel. Un élément qui, pourtant, a été la marque de commerce des premiers mandats du PQ : la tradition des grandes conférences socioéconomiques qui ont permis de construire le modèle québécois de développement, qui allait bien au-delà du Québec Inc. puisqu’il intégrait les grands acteurs sociaux du Québec. Je comprends parfaitement que Mme Marois n’ait pas annoncé en long et en large la semaine dernière comment le Québec pourra atteindre la cible de la diminution de 60% de la consommation de pétrole pour 2030 : tout simplement parce qu’il s’agit là d’un projet de changement en profondeur qui exige un large débat de société. Pourtant, plutôt que de laisser l’État décider seul (après consultation) des objectifs en la matière, le PQ devrait s’engager immédiatement à reprendre la proposition de la plateforme des groupes environnementaux POUR UNE PROSPÉRITÉ DURABLE qui appelle à la tenue d’un sommet sur l’économie verte. C’est d’un nouveau modèle de développement dont nous avons besoin et tous les acteurs sociaux doivent participer à sa formulation et sa mise en œuvre.
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Les promesses électorales et le cadre financier des engagements des partis (on ne connaît pas encore le cadre péquiste) sont fantaisistes. Nous sommes à la veille d’une récession mondiale qui devrait frapper le Québec de plein fouet (un billet à venir la semaine prochaine sur ce sujet) et on nous fait accroire qu’on peut réduire le déficit du Québec à zéro pour l’an prochain ? Dans ce contexte, alors que la Chine elle-même fait face à une possibilité de ralentissement sévère, les dépenses publiques pour le Plan Nord apparaîssent davantage comme un risque majeur pour les finances publiques québécoises que comme un eldorado…
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