Communiqué d’Équiterre du 4 juillet 2012. Un nouveau rapport du Natural Resources Defense Council (NRDC), un groupe environnemental des États-Unis, sur le projet Trailbreaker d’Enbridge (le pipeline de l’Est du Canada), est maintenant disponible.
La compagnie albertaine Enbridge tente de relancer son projet Trailbreaker, qui inverserait le flux de deux pipelines, soit la Ligne 9 et le Pipeline Portland-Montréal, pour faire transiter par l’Ontario, le Québec et la Nouvelle-Angleterre du pétrole issu des sables bitumineux de l’Alberta en route vers des raffineries à Montréal et à l’étranger.
Toutefois les dangers reliés à ce projet sont très concrets. Le rapport met en lumière au moins six causes qui expliquent pourquoi le transport du pétrole issu des sables bitumineux pourrait « causer des déversements plus fréquents et plus graves » que le transport du pétrole brut conventionnel.
1. Les deux pipelines sont vieux :
• de près de 40 ans pour la Ligne 9
• de plus de 60 ans pour le Pipeline Portland-Montréal
2. Les deux pipelines n’ont pas été conçus pour transporter le pétrole issu des sables bitumineux.
3. Le pétrole issu des sables bitumineux est très acide : « Le bitume dilué des sables bitumineux contient normalement des concentrations d’acide… jusqu’à 20 fois plus élevées que le pétrole brut conventionnel. »
4. Le pétrole issu des sables bitumineux est abrasif : le pétrole issu des sables bitumineux corrode plus rapidement les pipelines, ce qui augmente les risques de rupture.
5. Le pétrole issu des sables bitumneux est chaud et, par conséquent, plus corrosif : le transport du pétrole issu des sables bitumineux cause de la friction qui augmente sa température. À cette température plus élevée, le bitume dilué brûle plus facilement les parois des pipelines, ce qui augmente les risques de rupture.
6. Les pipelines doivent fonctionner à plus haute pression que pour le pétrole conventionnel : le pétrole issu des sables bitumineux est visqueux. « Pour déplacer cette matière très visqueuse, les pipelines de sables bitumineux doivent fonctionner à plus haute pression que les pipelines conventionnels. »
Voilà pourquoi le transport du pétrole issu des sables bitumineux dans des pipelines vieillissants à travers «certains des principaux sites naturels et culturels de l’Ontario, du Québec, du Vermont, du New Hampshire et du Maine» pourrait engendrer des accidents beaucoup plus fréquents et beaucoup plus graves que le transport du pétrole brut conventionnel.
Dernière nouvelle : Projet de renversement de la Ligne 9 en Ontario
Sans surprise, Enbridge obtient le feu vert de l’Office National de l’Énergie (ONE).
Prochaine étape : le Québec
Communiqué du 30 juillet – Équiterre dénonce la décision rendue tard vendredi soir dernier, qui autorise la compagnie Enbridge à renverser le flux du pétrole dans l’oléoduc entre Sarnia et Westover en Ontario. Équiterre, conjointement avec d’autres groupes écologistes canadiens et américains, est d’ailleurs intervenu lors des audiences de l’ONE sur ce projet.
« Alors qu’Enbridge vient d’être sévèrement réprimandé par le bureau américain de la sécurité des transports pour le plus important déversement en sol américain, (Kalamazou en 2005), et que l’entreprise est responsable d’un autre déversement ayant eu lieu vendredi dernier au Wisconsin, déversant près de 1 200 barils de pétrole dans la nature, l’ONE a refusé d’entendre raison, et a donné son aval au projet d’Enbridge sans même étudier les impacts potentiels d’un déversement de pétrole de sables bitumineux en sol canadien », a déclaré Steven Guilbeault, coordonnateur général adjoint d’Équiterre.
Rappelons qu’en 2008, la compagnie Enbridge avait lancé le projet Trailbreaker qui visait à acheminer des sables bitumineux jusqu’à Montréal et ensuite au port de Portland, Maine. Il faut savoir que la Ligne 9 d’Enbridge comporte de grands risques de déversements. Ce projet avait alors soulevé les craintes et la grogne du public et d’organisations écologistes dans l’est du Canada et le nord-est des États-Unis. Le projet avait été mis sur la glace en 2009 due au ralentissement économique. L’an dernier, Enbridge a présenté à l’ONE une version « modifiée » qui ne visait qu’à renverser le flux du pipeline en Ontario pour le transport du pétrole léger (et non pas pour les sables bitumineux). Équiterre et ses partenaires ont alors tenté, en vain, de faire comprendre à l’ONE qu’il s’agissait du projet Trailbreaker morcelé. Malheureusement l’ONE en a décidé autrement!
Équiterre demande au gouvernement du Québec d’être très vigilant, de faire preuve de leadership et de tenir compte de la volonté de la population quant aux intentions d’Enbridge d’inverser le flux des oléoducs passant par le Québec.
[...] explique très bien les risques environnementaux que cette entreprise représente pour le Québec (voir autre billet sur OikosBlogue). Ils sont majeurs, comme on peut le constater de son propre bilan au cours des dernières [...]