La société Enbridge investi tout son pouvoir de nuisance (qu’on appelle généralement du lobbying) pour convaincre les organismes de réglementation de l’autoriser à construire de nouveaux pipelines qui permettront de vendre les sables bitumineux sur l’ensemble de la planète…pour le plus grand malheur de cette dernière ! Équiterre, qui suit les projets de cette entreprise, explique très bien les risques environnementaux que cette entreprise représente pour le Québec (voir autre billet sur OikosBlogue). Ils sont majeurs, comme on peut le constater de son propre bilan au cours des dernières années.
Un rapport du bureau étatsunien de la sécurité des transports révèle que les contrôleurs d’Enbridge ont ignoré plusieurs avertissements de fuite de pétrole dans la rivière Kalamazoo au Michigan, le 25 juillet 2010, avant d’agir. L’équivalent de 20 000 barils de pétrole s’était déversé dans la rivière parce que les contrôleurs du pipeline n’arrivaient pas à s’entendre sur le fait qu’une fuite se produisait et ignoraient les alarmes qui auraient permis de l’arrêter en 10 minutes. Le pétrole s’est répandu sur 60 km dans les eaux de la rivière Kalamazoo. Deux ans plus tard, la pétrolière Enbridge affirme avoir terminé le nettoyage, mais des zones restent contaminées le long de la rivière.
Or en juin dernier, 230 000 litres de pétrole se sont échappés d’un oléoduc d’Enbridge en Alberta. La Commission chargée de l’enquête a expliqué que la fuite survenue près d’Elk Point avait été causée par un joint d’étanchéité défectueux. Enbridge devra donc examiner les joints de toutes les autres stations de pompage sur ce réseau, inspecter la station de pompage elle-même, et soumettre à l’agence un plan garantissant la fiabilité de tous les joints d’étanchéité de ce type. Un peu plus tôt en juin, jusqu’à 475 000 litres de pétrole avaient fui d’un oléoduc appartenant à une autre entreprise, Plains Midstream Canada, dans le centre de l’Alberta. Selon Radio-Canada, au moins 3,4 millions de litre d’hydrocarbures ont fui des oléoducs de la province depuis 2005. L’organisme environnemental Pembina réclame d’ailleurs une enquête publique sur l’intégrité du réseau albertain de pipelines.
Mais ce n’est pas tout ! En juillet, l’équivalent de 1 200 barils de pétrole, soit 190 000 litres, s’est déversé dans un champ près de la localité de Grand Marsh au centre de l’État du Wisconsin, suite à une rupture d’un oléoduc de l’entreprise Enbridge. La société albertaine a dû fermer le conduit de 60 cm de diamètre qui transporte du pétrole brut léger vers des raffineries de Chicago. Cette dernière fuite survient après que l’Office national de l’énergie ait annoncé qu’il inspectera la salle de contrôle d’Endbridge à Edmonton en août, après que l’entreprise eut été blâmée par le bureau américain de la sécurité des transports pour la fuite de pétrole de 2010.
C’est dans ce contexte qu’Enbridge propose d’inverser son pipeline no 9, qui pompe présentement le pétrole importé du port de Montréal vers Sarnia. En inversant le flux du pipeline, le pétrole de l’Ouest canadien, qui se rend présentement jusqu’à Sarnia, filerait dorénavant jusqu’à Montréal et de là, pourrait soit alimenter la dernière raffinerie montréalaise, soit être acheminé vers Portland dans le Maine. Mais pour des raisons stratégiques, Enbridge a d’abord présenté un projet d’inversion limitée de sa ligne no 9 de Sarnia jusqu’à Westover, près de Hamilton. C’est ce projet qui faisait l’objet d’audiences devant l’Office national de l’énergie (ONE) à London, en Ontario, et qui a été approuvé.
Est-ce que je vous surprendrais si je vous disais que les chambres de commerce du Québec sont favorables au projet Enbridge ? Comment pourrait-il en être autrement de ces organisations patronales réactionnaires et négationnistes. Elles ont qualifié « d’excellente nouvelle » ce projet d’inversion du pipeline Montréal-Sarnia de la société Enbridge, qui permettrait de raffiner à Montréal et à Québec du pétrole provenant des sables bitumineux. Ailleurs (l’Europe et la Californie) on songe plutôt à pénaliser cette énergie fossile parce qu’elle est l’une des plus riches en GES. Mais pour ces ‘fossiles’ des chambres de commerce, ce projet « assurera aux industries du raffinage et de la pétrochimie du Québec un approvisionnement fiable, à des coûts significativement plus bas que ceux du brut importé du bassin de l’Atlantique ». Autrement dit, l’humanité peut bien crever, le principal c’est qu’on puisse faire du cash rapide, le plus possible, immédiatement…
[...] Québec, en même temps que l’ouverture du marché québécois au pétrole des sables bitumineux (voir mon billet de la semaine dernière), créeraient un réseau de plus en plus inextricable de fils de dépendance à une économie [...]
[...] pétroliers s’activent pour exporter tout azimut l’énergie sale des sables bitumineux. La société Enbridge propose d’inverser son pipeline no 9, qui pompe présentement le pétrole importé du port de Montréal vers Sarnia, permettant ainsi [...]