Nous savons le rôle que joue la finance dans la vie quotidienne, et en particulier dans les processus de prise de décision des entreprises. Dans les deux dernières décennies, ce rôle a plutôt été néfaste. Depuis peu, cependant, les acteurs du mouvement de la finance responsable commencent à faire en sorte que la protection des valeurs monétaires ne se fassent plus aux dépends des valeurs sociales des épargnants.
Il y a deux semaines j’ai mis en ligne la petite vidéo de dessin animé portant sur cette campagne de Finance Watch. Mais leur rapport sur la spéculation sur les denrées alimentaires méritait que j’y revienne dans ce billet de veille sur la FSR. Alors que des recherches récentes indiquent clairement un lien entre les émeutes de la faim et la spéculation sur les denrées alimentaires (et l’énergie), qui représente désormais 70 % de l’activité financière sur produits dérivés agricoles contre 30 % il y a 10 ans, Finance Watch plaide comme beaucoup d’autres ONG pour que des limites soient imposées à cette activité spéculative. Un texte de loi de l’Union européenne, dans le cadre de MiFID2, est à l’étude, mais il existe un risque que cette réforme soit vidée de son sens du fait du lobby de l’industrie financière. Le rapport de Finance Watch sur la réforme Mifid2 « Investing not betting » explique le monde nébuleux du trading haute fréquence et de la liquidité cachée. Il formule une liste de recommandations pour renforcer la proposition de réforme, fondées sur une idée simple : investir n’est pas la même chose que spéculer.
Le socialement responsable serait en berne en Belgique. Le septième rapport du Réseau Financement Alternatif sur la finance responsable en Belgique révèle que le volume total de capitaux placés dans forme de placement et d’investissement s’élevait à environ 15 milliards d’euros à la fin 2011, soit une baisse de 2,68 milliards d’euros par rapport à 2010. Cette chute provient de plusieurs facteurs : baisse conjuguée de l’encours des comptes d’épargne, des fonds et des mandats discrétionnaires qui respectent les règles de la finance responsable. Cette diminution de l’encours fait suite à 2 années de croissance (2009 et 2010) après une diminution en 2008 suite à la crise. En parts de marché, elle passe donc de 4,1 % à 3,4 %.
Les régimes de rémunérations des dirigeants : il faut corriger les lacunes
Les gestionnaires de Placements NEI ont profité de la tenue du congrès de l’AIR à Montréal en juin dernier pour promouvoir des mesures visant à corriger les principales lacunes à la base des régimes actuels de rémunérations des dirigeants. Au cours des dernières années, qui fut marqué par une hausse des échelles salariales des dirigeants et de multiplication des scandales financiers, ces gestionnaires ont noté une préoccupation grandissante à l’égard des conséquences économiques et politiques de ces généreuses rémunérations des dirigeants. La démesure des a poussé les experts en gouvernance, les universitaires, les actionnaires et les politiques à examiner de près la rémunération et à tirer la même conclusion : les régimes de rémunération des dirigeants des sociétés ouvertes sont foncièrement injustes. Qui plus est, la majorité des mesures correctives demeurent superficielles. De plus, tout porte à croire que la maximisation de la valeur actionnariale nuit aux sociétés, car elle favorise les décisions à court terme en plus d’accentuer l’inégalité des revenus et l’instabilité politique propre aux sociétés polarisées. Ils proposent donc un modèle multipartite qui établit un objectif plus raisonnable pour la société : un régime de rémunération fondé sur un modèle qui fait en sorte que les dirigeants d’une société s’enrichissent au même rythme que toutes les parties prenantes.
Rapport sur l’empreinte écologique de la China Development Bank
Un rapport produit récemment par les Amis de la Terre (section État-Unis) et l’organisation BankTrack montre que la China Development Bank (CDB), qui est rapidement devenu l’un des plus importants acteurs de la finance du développement (avec des actifs de 1 000 milliards $), ne respectent pas les standards sociaux et environnementaux internationaux d’une institution financière qui se donne une image d’entreprise responsable (elle a récemment produit un rapport RSE). Pour en arriver à ces constats, les deux organisations ont procédé à la mesure de l’empreinte écologique de l’institution financière qui finance des projets dans plus de 90 pays. Le rapport décrit également les politiques de financement sur la base de quelques cas d’étude en profondeur. « From the Shwe gas project in Burma, to tar sands development in Canada, and illegal logging in Indonesia, CDB is involved in ‘Dodgy Deals’ around the globe », affirme Johan Frijns, directeur de BankTrack.
[...] dans les billets plus ou moins réguliers portant sur les nouvelles de la finance responsable (voir le plus récent en cliquant ici). Je désire dans cette série de trois billets faire le point sur l’importance de l’impact que [...]