Depuis quelques années déjà, l’indicateur du PIB est l’objet de critiques nombreuses, pas toujours méritées, mais néanmoins nécessaire. Dans un contexte de crise sociale et écologique comme l’humanité n’a jamais eu à traverser, le PIB seul ne peut plus servir à mesurer les défis actuels et nous aider à prendre les mesures et les politiques pour y faire face. De nombreux projets sont en cours pour identifier de nouveaux indicateurs, comme les lecteurs d’OikosBlogue ont pu en prendre connaissance (voir en particulier mon texte Comment mesurer les obstacles au progrès humain ?). Voici maintenant l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) qui contribue à ce mouvement en nous offrant un cahier technique et méthodologique sur l’indicateur de « l’empreinte écologique ».
Cette revue de littérature critique est publié dans le cadre du mandat de l’ISQ, attribué par la nouvelle politique de développement durable du Québec, de contribuer à identifier de nouveaux indicateurs de mesure. L’objectif poursuivi est d’évaluer la pertinence de l’empreinte écologique comme indicateur de développement durable
Comme le souligne le document : « L’empreinte écologique mesure la superficie biologiquement productive qui est nécessaire pour satisfaire à la consommation d’une population donnée. Cette superficie comprend les terres et les eaux qui produisent les ressources et absorbent les déchets qu’une population utilise et génère par sa consommation. »
La mesure de l’empreinte écologique est comparée à la capacité biologique, qui représente le potentiel de production et d’absorption du capital naturel. On trouve dans le rapport le tableau produit dans l’étude du WWF « Rapport de la planète vivante 2008 », qui représente l’empreinte écologique par personne de 73 pays. On y constate que le Canada arrive en 7e place, avec autour de 7 hectares globaux par personnes alors que la capacité biologique moyenne de la planète était de 2,1 hectares globaux par personne en 2005. La moyenne mondiale aurait déjà dépassée ce seuil.
Les auteurs du cahier de l’ISQ estiment que l’empreinte écologique se révèle peu pertinente comme indicateur de développement durable, bien qu’elle soit utile pour sensibiliser les individus aux conséquences de leur mode de consommation. Pour eux, la démarche méthodologique adoptée par cet indicateur, vis-à-vis du développement durable, tranche avec l’approche théorique que la communauté internationale tend à privilégier. De plus, soulignes les statisticiens, son cadre statistique est loin de constituer un standard qui fasse consensus dans la pratique.
C’est la raison pour laquelle le cahier explore le rapprochement entre l’empreinte écologique et l’approche par capitaux, qui constitue le cadre adopté par le gouvernement du Québec pour le suivi du développement durable. Cette exploration vise à évaluer la possibilité d’intégrer l’empreinte écologique dans un cadre intégré sur la base de l’approche entrées-sorties, utilisée par la plupart des instituts nationaux de statistiques. Déjà adoptée par la Belgique, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, la Suisse et la Banque mondiale.
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