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Le samedi 23 avril 2022

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La finance contre le développement

Je manque rarement une occasion pour dénoncer les méfaits de l’industrie de la finance. Dans mon billet de la semaine dernière, j’expose en long et en large les liens qui unissent les pouvoirs en place (surtout dans le monde anglo-saxon) avec les puissances de la finance (et du pétrole) comme explication du fait que, cinq ans après l’éclatement de la bulle des « subprimes », quatre ans après l’explosion des bulles immobilières irlandaises et espagnoles, et trois ans après le début des attaques spéculatives contre la zone euro, les autorités publiques de régulation des institutions financières n’ont pas procéder aux réformes nécessaires pour changer la situation.

Pourtant une industrie de la finance trop puissante, qui n’est pas contrebalancée par un ensemble de contre-pouvoirs publics et civiques, conduit à des dérives économiques extrêmement nuisibles au développement. C’est ce qu’explique une nouvelle étude produit pour le FMI (!!!) qui souligne qu’une finance trop importante empêche une bonne croissance. Les auteurs (Jean-Louis Arcand, Enrico Berkes et Ugo Panizza) voulaient vérifier s’il était vrai que des contraintes limitant la taille du secteur financier avaient un effet négatif sur la croissance économique. Ils sont plutôt arrivés à des résultats qui montrent que, au-delà d’une taille intermédiaire indispensable au bon fonctionnement de l’économie (où on trouve une relation positive entre la taille du système financier et le développement), un secteur financier trop important est associé avec moins de croissance. Ils en concluent que dans certains pays des mesures des pouvoirs publics visant à diminuer la taille de la finance pourraient avoir un effet positif sur le développement : « our analysis suggests that there are several countries for which smaller financial sectors would actually be desirable ». Parmi les pays à risque, on trouve évidemment la plupart des pays anglo-saxons (dont le Canada en 3e place).

Une autre étude vient appuyer la recherche précédente ainsi que les craintes légitimes de tous ceux qui s’inquiètent du processus de financiarisation de l’économie. Selon le travail de deux économistes de la Banque des règlements internationaux (Stephen G. Cecchetti et Enisse Kharroubi) la proposition bien ancré dans la science économique dominante selon laquelle la finance est bonne pour la croissance n’est pas valide. A partir des données issues d’un ensemble de pays depuis une trentaine d’années, les auteurs analysent la corrélation entre la taille du système financier et la croissance de la productivité. Quel que soit l’indicateur retenu, cette corrélation est d’abord positive, puis négative au-delà d’un certain niveau, aujourd’hui dépassé par de nombreux pays avancés. Les auteurs montrent qu’une financiarisation rapide de l’économie est clairement défavorable à la croissance.

Si on discutait de ces résultats aux populations (et mêmes aux économistes) de l’Islande, de l’Irlande, de la Grande-Bretagne, etc., j’ai peu de doute que non seulement approuveraient-ils le bon sens de ces résultats, mais qu’ils en valideraient la démarche scientifique sur la base de nombreux faits empiriques Reste que le lobby des banques est assez puissant pour tuer dans l’œuf toutes tentatives de créer les nécessaires contre-pouvoirs à leur pouvoir de nuisance.

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