Dans mon billet de la semaine dernière portant sur un nécessaire effort de ré-industrialisation, je signalais le potentiel exceptionnel du Québec (en termes de développement économique et de création d’emplois) de lancer un vaste plan de reconversion écologique de l’économie. Dans le présent billet, je désire illustrer mon propos sur la base d’une nouvelle que j’ai vu passer ce printemps concernant le prolongement de la durée de vie des installations de Rio Tinto, Fer et Titane (RTFT) pour la production du dioxyde de titane.
Les installations de RTFT dans cette industrie concernent, d’une part, une mine d’ilménite au Lac Tio (Havre-Saint-Pierre) et, d’autre part, le complexe métallurgique de Sorel-Tracy. Le projet annoncé ce printemps permettra augmenter les activités minières de cinq à sept jours par semaine et devrait générer 70 nouveaux emplois à Havre-Saint-Pierre en plus de prolonger la durée de vie de la mine jusqu’en 2050. RTFT continuera la mise à niveau des équipements et des systèmes à Sorel-Tracy afin d’améliorer son rendement et d’atteindre une meilleure performance environnementale, dont une réduction de 60 % des émissions de dioxyde de soufre (SO2). On parle d’investissements de l’ordre de 800 millions $ au Québec.
Mais pourquoi je vous parle du dioxyde de titane, vous demandez-vous ? Jusqu’à maintenant le dioxyde de titane est utilisé dans la production de pigment de titane, un agent de blanchiment et d’opacité qui entre dans la fabrication de la peinture, des plastiques et du papier. Mais des chercheurs lui ont trouvé des caractéristiques qui devraient en faire l’une des substances majeures dans la lutte à la pollution et aux changements climatiques ! Ses propriétés photocatalytiques auraient la possibilité de transformer les polluants de l’air ambiant en matières non polluantes. Par exemple, un mur ou une route traité au dioxyde de titane permettrait de convertir les principaux contributeurs au smog en nitrate. Des panneaux solaires à base de dioxyde de titane pourraient produire de l’hydrogène sans aucune émission de CO2.
Une politique industrielle de ré-industrialisation comme celle dont je faisais appel la semaine dernière devrait permettre de développer au Québec les industries en amont et en aval de nos ressources, comme celles de la mine d’ilménite de Havre-St-Pierre. En parallèle à un programme d’aide à la R&D, à l’innovation et à la commercialisation de nouveaux produits intégrant le dioxide de titane, le gouvernement doit aussi lancer de vigoureux projets publics qui déboucheront sur une hausse de la demande de ces produits au Québec. Dans le cas qui nous concerne, par de grands travaux pour améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments publics. Le développement d’une nouvelle grappe de technologies propres passe par une concertation des acteurs de l’industrie et des industries affiliées et par un effort redoublé d’actions cohérentes des pouvoirs publics (ministères, organismes et municipalités) dans une perspective de reconversion écologique de l’économie.
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