« La responsabilité de l’homme dans le réchauffement du globe est sans équivoque ». Ce n’est pas un obscur blogueur d’OikosBlogue, ni même un militant écologiste bien connu qui martèle ces mots. Ils viennent du nouveau président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, physicien étatsunien d’origine coréenne, également anthropologue, qui a été président du Dartmouth College et du Department of Global Health and Social Medicine au Harvard Medical School. Son affirmation sur les changements climatiques s’est faite dans la foulée d’un rapport de la Banque mondiale, Turn Down the Heat : Why a 4°C Warmer World Must be Avoided, qui affirme qu’au rythme où s’accélèrent les émissions de GES la température moyenne mondiale risque fort d’augmenter de 4 °C d’ici la fin du siècle et nous alerte sur les conséquences de ce scénario : « vagues de chaleur extrême, baisse des stocks mondiaux de denrées alimentaires, perte d’écosystèmes et de biodiversité, élévation dangereuse du niveau des mers ».
Néanmoins, certains pouvoirs économiques, politiques et médiatiques continuent à nier avec obstination cette réalité. Comme je le mentionnais dans un billet récemment, l’atmosphère nauséabond de terrorisme psychologique négationniste qui prévaut aux États-Unis a fait en sorte que pour la première fois en 25 ans, aucun des candidats n’a fait mention de l’enjeu des changements climatique au cours des récents débats présidentiels aux États-Unis ! Des milliards $ dépensés mais le silence total sur cet enjeu ! Et ce n’est pas parce que les électeurs ne veulent pas en entendre parler : sondage après sondage ils attendent au contraire des actions de la part du gouvernement.
Le lobby du pétrole et du gaz, ainsi que la droite conservatrice nord-américaine qui est lié au mode de vie associé à l’économie carbone, ont les moyens financiers et les réseaux de complicité pour semer le doute dans les esprits, contrecarrer les initiatives politiques des progressistes et faire capoter les démarches de négociations internationales de manière ce que la communauté internationale soit encore aujourd’hui, en 2012, dans une incapacité d’agir avec force contre le réchauffement. Du 3e trimestre de 2011 au 3e trimestre de 2012, les cinq grandes pétrolières ont réalisé des profits de 90 milliards $.
Prenons un simple exemple, ici même au Québec, qui illustre à mon avis cette situation. Pendant plusieurs semaines, le Devoir a laissé à la page d’accueil de son site web un article de l’Associated Press, non signé, qui laisse sous-entendre que les scientifiques ne peuvent pas se prononcer clairement sur cet enjeu. Mais ce questionnement sur la causalité de tel ouragan ou d’un autre phénomène climatique spécifique est absurde. Revenons à ce que déclarait le président de la Banque mondiale la semaine dernière : « Un monde à +4 °C […] déclencherait une cascade de changements cataclysmiques, dont des vagues de chaleur extrême, une chute des stocks alimentaires et une montée du niveau de la mer frappant des centaines de millions de personnes ». Il n’y a aucune espèce importance à démontrer que tel phénomène est causé par le réchauffement; la certitude est que le réchauffement est un fait et que la science démontre que ce réchauffement mène à une catastrophe. Le seul doute qui assaille le p-dg du FMI est qu’il n’y a « aucune certitude » que la Terre pourra s’adapter à une telle situation…
Nonobstant ce que je viens de dire sur l’opportunité de se poser la question, de nombreux climatologues répondent affirmativement à la question à savoir si les changements climatiques peuvent avoir une influence directe sur des phénomènes climatiques extrêmes comme celui de l’ouragan Sandy. Globalement, ils répondent que les phénomènes climatiques des dernières années correspondent exactement à ce que la science du climat prédit depuis des décennies.
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