En septembre dernier, Nova Bus dévoilait un ‘prototype’ d’autobus électrique, si on peut parler ainsi puisqu’il s’agit pour l’instant d’un bus classique de Nova Bus, mais équipé d’une motorisation tout électrique à des fins de prototypage. Issu d’un des seuls projets de la stratégie du précédent gouvernement pour l’électrification des véhicules (financé à hauteur de 30 millions $ par le Québec), le projet du Consortium Bus Électrique, formé de Nova Bus, Bathium Canada, TM4, Giro, René Matériaux Composites et Précicad, prévoit la réalisation d’un autobus électrique standard ainsi qu’un microbus électrique, tous les deux en aluminium. Le président de Nova Bus, Gilles Dion, a affirmé que le groupe Volvo (propriétaire de Nova Bus et de Provost Car) faisait alors le pari d’accoucher d’ici 2014 d’un prototype de bus entièrement repensé, de la motorisation aux planchers en passant par le poids et l’espace intérieur.

Le pari du Consortium bus électrique, nous disait-on alors, était de « prendre la tête du peloton dans un marché déjà fort occupé en misant sur une niche nouvelle, la modularité et la capacité d’adaptation. » Si le nouveau bus a la capacité d’être modifié à un coût raisonnable, le même véhicule pourrait durant sa vie utile passer, par exemple, d’une version tout électrique avec piles au lithium à un système de biberonnage qui lui permettrait de faire le plein d’électrons à différents endroits sur son parcours.

Dans ces domaines, on peut dire qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire. Dans la mesure où on innove, on peut effectivement mettre en marché de nouveaux produits avec de bonne chance d’être compétitif par rapport aux produits existants. Mais prétendre vouloir ‘prendre la tête du peloton’ me fait bien rire, surtout lorsque l’on constate par exemple la lenteur du gouvernement à soutenir la commercialisation des produits québécois dans le créneau des piles (ne parlons même pas de l’échec lamentable du moteur-roue), il y a au contraire tout lieu d’être pessimiste sur le futur du bus électrique ‘made in Quebec’. Pourtant le potentiel est énorme. Selon une étude récente de Pike Research, la demande d’autobus électrique (hybride ou entièrement électrique) est en croissance forte pour répondre aux besoins des villes étatsuniennes qui se tournent vers des approches de mobilité durable. D’ici 2018, on parle d’une croissance de la demande de 26% annuellement, avec à terme un parc de 75 000 bus électriques !

On trouve sur le site de Cleantechnica la vidéo d’un autobus entièrement électrique (déjà en opération à Los Angeles), le Proterra Ecoliner Electric Bus. Cet autobus standard se recharge en seulement 10 minutes et peut rouler sur 30–40 milles (48-64 km) par charge. C’est idéal pour un autobus de ville, qui au bout de chaque ligne peut se recharger et rouler sur sa charge. Mais le Utah State University vient de mettre en opération le premier autobus électrique à recharge sans fil (biberonnage) dans le monde. Selon les promoteurs, le Aggie Bus démontre que le biberonnage est une solution économique pour les autobus qui suivent des lignes avec des arrêts fixes et réguliers. En termes de prix de vente, le système sans fil implique que les autobus ont des batteries plus petites (le coût le plus important des bus électriques) et en termes d’entretien, des coûts moindres.

Bien sûr, vous allez me dire que contre la grosse machine économique et innovatrice étatsunienne, on ne fait pas le poids. Que Nova Bus pourra, dans x années, lorsque les bus électriques seront prêtes à être commercialisées, les vendre dans les pays en développement. En Uruguay peut-être…qui vient d’annoncer cette année qu’il équipera les services de transport du pays d’autobus électriques du manufacturier chinois BYD. D’ici 2015, c’est plus de 500 bus électriques (des autocars pour le transport interurbain ou touristique) qui rouleront près de 250 km sur une seule charge. Le succès de BYD est tellement important en Amérique latine que l’entreprise a déjà annoncé un projet sino-brésilien de commercialisation et de production de ses bus électriques au Brésil, financé en partenariat avec la Banque interaméricaine de développement et le C40/Clinton Climate Initiative.

Que de beaux projets pour les pionniers de la mobilité durable ! Mais pendant ce temps, le Québec Inc se paie la tête de Daniel Breton, exige plus d’austérité de l’État et engrange des milliards grâce à la corruption… Ah ce qu’il est beau ce Québec Inc. (à lire mon billet de demain) !