Avec quel acharnement ils s’y sont mis pour avoir la tête de Daniel Breton, je trouve ça tout simplement répugnant. Car il ne faut pas s’y méprendre : derrière la traditionnelle partisannerie qui alimente habituellement le ‘jeu’ parlementaire, y compris pour les demandes de démissions de ministres fautifs de la part des partis d’opposition, cette fois on sent les relents nauséabonds de la commande provenant du lobby du pétrole et du gaz pour éliminer ce militant qui les mis au tapis à plusieurs reprises. Mais on sent également derrière eux, dans leur sillage, la version dégénérée du Québec Inc. actuel, qui cherche à recueillir les miettes que cette industrie promet pour les entreprises québécoises.
Les hauts cris des députés de l’opposition contre le ministre Breton ne sont que de la frime. Les supposées affaires de ‘mauvais payeurs’ de Daniel Breton relevaient davantage d’une question de survie d’un militant qui consacrait sa vie à la cause écologique que des pratiques d’un « bougon » qui profite du système (il faut aller lire le petit billet de Daniel Pierre-Roy sur ce thème). Ce qui est vraiment intolérable pour les partis de droite et pour le Québec Inc, c’est le fait qu’on nomme comme ministre du gouvernement québécois un homme qui propose de travailler à construire les règles d’un véritable modèle de développement durable, qui soit autre chose qu’un slogan publicitaire. Il fallait s’opposer coûte que coûte à ce changement de paradigme que Daniel Breton appelait de ses vœux, pour un Québec maître de son destin ! Ce n’est pas les petits délits de ‘mauvais payeur’ qui dérangent, c’est le délit d’opinion pour un projet inacceptable à tous ceux s’opposent au changement.
Ah mais c’est qu’il n’est pas très beau ce nouveau Québec Inc., qui ne veut rien changé dans le Royaume pourri du Québec ! Bien qu’il ait été créé de toute pièce par l’État québécois (avec nos impôts) dans la foulée de la révolution tranquille, non seulement le Québec Inc. s’est depuis retourné contre son créateur, il a cherché à le corrompre. On ne parle plus ici d’un système D élaboré par un militant aux poches vides, mais bien d’un système de collusion et de corruption à grande échelle. À elle seule, la corruption systémique que constituait le programme libéral d’investissement dans les infrastructures aurait représenté une surfacturation de 11,3 milliards pour les contribuables québécois entre 2007 et 2012.
L’ex-entrepreneur Lino Zambito a parfaitement illustrer le fonctionnement du système : il avait notamment à répondre à des commandes de financement du PLQ, en lui dénichant des prête-noms, grâce aux relations privilégiées qu’il avait avec la vice-première ministre Nathalie Normandeau. Dans quelques mois, avec le retour des audiences publiques de la Commission Charbonneau, nous devrions connaître un peu mieux les implications de l’ex-ministre Line Beauchamp (elle aussi vice-première ministre !!!) qui rencontrait Paolo Catania en présence de son ex-conjoint Pierre Bibeau (également ex-organisateur du PLQ, nommé vice-président de Loto-Québec), alors même qu’elle était responsable du financement de la campagne électorale du PLQ. Rappelons que lors de la 2e rencontre, elle détenait le poste de ministre de l’Environnement et qu’elle était invitée par Rosaire Sauriol de la firme Dessau…
Tout semble indiquer que nous faisons face à un système de corruption au plus haut niveau (deux vice-premières ministres étant impliquées) en collusion avec les firmes leaders du Québec Inc. Et pour couronner le tout, on assiste, sans être tout à fait étonné, mais néanmoins profondément dégouté, au dévoilement d’histoires de corruption de « classes mondiales », comme on aime dire dans les milieux d’affaires, qui salissent la réputation d’un des plus beaux fleurons du Québec Inc, SNC-Lavalin. Faut-il en conclure que la culture de la corruption, contrairement à ce que racontait un petit fonctionnaire corrompu de la Ville de Montréal, n’est pas l’affaire des organisations publiques mais provient plutôt des entreprises leaders du nouveau Québec Inc. ? Et que ce modèle s’est diffusé sur une vaste échelle, comme modèle d’affaires, pendant le règne libéral, en collusion avec la mafia, les petites élites locales et le PLQ ? Est-ce bien de cela qu’on parle ?
Face à la dégénérescence de ce Québec Inc corrompu, le mouvement patronal aurait besoin d’un « printemps érable » ! Ne riez pas, je suis sérieux ! Ils sont nombreux ces entrepreneurs de l’économie sociale, de l’économie publique ou de l’économie marchande qui ne partagent aucunement l’idéologie ultralibérale de ce Québec Inc actuel. Des entrepreneurs aux valeurs sociales solides, bien enracinés dans leur milieu, innovateurs (socialement et technologiquement), mais qui n’ont pas le poids économique ni les réseaux pour s’opposer aux pratiques actuelles. D’autant plus qu’ils sont par ailleurs trop nombreux à ne même pas prendre conscience que le virage ultralibéral du mouvement patronal depuis 20-30 ans, sur le plan mondial, est la principale source de tous ces problèmes de collusion et de corruption. Ce courant de pensée pour le moins d’État, pour la libéralisation tout azimut, a conduit à une République de dirigeants voyous où les pratiques légitimes de concertation se sont transformées en pratique illégitimes de collusion, où les nécessaires liens de proximité et de confiance se sont mués en réseaux de corruption et de méfiance généralisée.
Le Québec Inc aurait besoin d’un vaste ménage, d’un profond renouveau, qui ferait appel aux nouveaux entrepreneurs pour qui les valeurs sociales et environnementales sont autres choses que de simples slogans de marketing. Plus d’éthique, comme nous le suggèrent certains dirigeants d’entreprises lors d’un récent forum montréalais ? Bien sûr, mais à mon avis il faut aller au-delà de l’éthique, de la responsabilité individuelle. C’est d’une responsabilité sociale et environnementale dont ils ont besoin, par exemple de celle que professent des chercheurs tels qu’Yvan Allaire et Jacques Fortin des HEC Montréal. Lorsqu’on verra émerger au sein du patronat québécois un véritable mouvement de la responsabilité sociale des entreprises (RSE), on pourra alors espérer un « printemps érable » du Québec Inc.
Le Québec inc. n’était pas (je dois le mettre au passé) seulement la pierre de la fondation du État, d’un pays, c’était une vision économique d’avant garde et je dirais exportable.
Ayant vu dans ce modèle un concurrent, est que certains oligarques, se prétendants les maîtres du monde, auraient décidés au cours des ans de polluer nos fleurons de l’économie, québécoise rendu à l’international par leur compétences???
Lorsque l’on connait les méthodes de « Builderberg » et compagnie nous ne pouvons que nous poser la question.
Bien sûr l’homme est cupide et aime la gloire accompagné de pouvoir et les québécois n’ont pas été vaccinés en conséquense.
Nous en vivons les résultats, quel dommage. Demeurons vigilants car ce qu’il y a dans le Plan Nord actuel est assez fort pour clore à jamais la perspective d’être un jour en possession des leviers nécessaires à l’épanouissement de nos descendants.
On est train de nous vendre et cela pour un plat de lentilles.
Cette fois personne n’aura le temps descendre dans la rue pour dire non, cela se passe à un autre niveau et vous n’y êtes pas invité.
A bon entendeur salut.