Comme je l’indiquais récemment dans un billet sur le thème d’un cycle de renouveau syndical, les raisons ne manquent pas, aux États-Unis comme en Chine, pour voir enfin les travailleurs se doter d’organisations représentatives assez puissantes pour contrebalancer le pouvoir des grandes firmes multinationales qui abusent de leur pouvoir. Aux États-Unis le rapport de force des travailleurs est à son plus bas. Selon le Bureau of Labor Statistics, le taux de syndicalisation dans ce pays a atteint, en 2012, le plus bas niveau depuis la Grande dépression, soit 11,3% ! Le pays aurait perdu autour de 400 000 travailleurs syndiqués, dont 46 000 au Wisconsin (où le gouverneur républicain a éliminé la plupart des droits syndicaux) et 56 000 en Indiana (qui vient de mettre en place une nouvelle loi ‘right-to-work’).
Pourtant, une étude récente montre que la syndicalisation augmente la mobilité des travailleurs et le développement économique. Sur le plan de la mobilité sociale, les États-Unis, qui ont longtemps été le modèle pour le reste du monde, sont maintenant en retard sur les autres nations industrialisées. La mobilité sociale est pourtant au cœur du développement : c’est la capacité des personnes à accéder à un plus haut niveau de revenu que leurs parents, donc en principe à améliorer leur niveau de vie et à entraîner une dynamique sociale de développement. Selon l’étude, 65% des Étatsuniens nés dans le premier quintile inférieur de revenu devraient rester dans les deux premiers quintiles inférieurs lorsqu’ils seront adultes alors que 62% de ceux qui naissent dans le premier quintile supérieur devraient rester dans les deux premiers quintiles supérieurs à l’âge adulte.
Mais selon l’analyse des données réalisée par David Madland et Nick Bunker, du American Progress Action Fund, la situation s’améliore de façon significative lorsque le taux de syndicalisation augmente. Comme on peut le constater dans les graphiques suivants, les États des États-Unis qui ont le taux de syndicalisation plus élevé ont la probabilité d’avoir un plus haut niveau de revenu et un plus haut niveau de mobilité ascendante (ainsi qu’un plus bas niveau de mobilité descendante) que les États avec un taux de syndicalisation plus bas. Même en tenant compte d’autres facteurs tels que l’éducation, le niveau de revenu, le taux d’inégalité et le taux de chômage, l’analyse démontre que la syndicalisation est le deuxième plus important facteur de mobilité en plus d’être un facteur de croissance des revenus et de diminution des inégalités.
Sur la base de simulations, l’étude démontre qu’une augmentation de 10 points de % du taux de syndicalisation augmenterait de 4 points de % supplémentaire la part de la population passant à un quintile supérieur. Malheureusement, puisque les Républicains ne croient pas à la science, ils ne liront jamais cette étude et enfermeront leurs États dans le cercle vicieux de la décroissance.
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