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Le samedi 23 avril 2022

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St-Michel (Leblanc) qui abat le mythe de la transformation

Récemment, lors d’une sorte de ‘Gala sur le vol des ressources naturelles du Québec’ organisée par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), le chevalier St-Michel (Leblanc) a terrassé sans pitié le « mythe » de la transformation et « [a invité] le gouvernement du Québec à entendre raison : toute tentative de forcer une plus grande transformation des métaux extraits du sous-sol québécois au Québec échouerait immanquablement. »

Que les Québécois se le tiennent pour dit : ils ne sont que de simples fournisseurs. Ce n’est pas St-Michel qui le décide, c’est le Marché qui le dicte, et il est sans appel. St-Michel et tous les apôtres du secteur minier qui ont afflué au ‘Gala du vol des ressources naturelles’ prient donc les Québécois de se mettre à genoux et de respecter la règle du Marché : « Si on s’éloigne trop de modèles qui permettent à ces entreprises d’être rentables, ces entreprises-là vont probablement procéder à des investissements ailleurs. C’est la règle du Marché », a-t-il ajouté, brandissant les nouvelles écritures saintes ‘La transformation métallique et la métropole : un alliage durable et prometteur’. Le Québec ne devait pas tourner le dos à l’industrie de l’extraction minérale qui donne des emplois à Montréal… Il propose de faire une croix sur une plus grande transformation dans les filières où le Québec s’est fait damer le pion, comme le fer et le diamant. St-Michel met en garde le gouvernement « contre la tentation de fixer un plancher à la transformation des ressources minières extraites du sous-sol québécois au Québec ».

Ce discours de St-Michel qui abat le mythe de la transformation, comme St-George qui transperce le dragon, n’est pas surprenant. Il joue son rôle d’avocat au service de cette oligarchie des sociétés minières qui, lorsque l’occasion se présente, volent les richesses naturelles des peuples du monde en corrompant leurs dirigeants. On peut dire que ces dernières années, avec le Plan Nord le Québec faisait partie de ces ‘occasions’ d’affaires. Comme je l’expliquais dans un billet la semaine dernière, malgré des ressources naturelles abondantes, le Québec fait figure de république bananière dans ce domaine. Les politiques interventionnistes et nationalistes des années 1970 avaient donné un sérieux coup de pouce au développement de la propriété québécoise de cette industrie. Mais les politiques ultralibérales de privatisation et les comportements de spéculation et de magouille de certains entrepreneurs québécois ont tôt fait de dilapider les résultats de ces efforts. De porteurs d’eau, nous sommes devenus des piocheux bien payés pour la durée de l’exploitation d’une mine.

À un moment de l’histoire où sont en train de se construire les éléments d’une nouvelle division internationale du travail, au cours de laquelle s’affrontent des forces sociales avec des projets de société aux antipodes, les Chambres de Commerce du Québec ont unanimement choisi les forces de la réaction, de ce projet ultralibéral, responsable de la crise que nous vivons depuis 2008, qui derrière la règle du Marché veut poursuivre l’irresponsable et l’insoutenable modèle de dilapidation des richesses. S’il y a une seule chose d’assez claire aujourd’hui, c’est que nous devons rejeter ce modèle de façon catégorique et entamer une véritable démarche de débats et de concertation entre tous les acteurs économiques, y compris avec les éléments les moins corrompus du mouvement patronal, pour identifier une voie de sortie de crise pour le Québec.

Selon une recherche récemment publiée par l’économiste français Patrick Artus (responsable de la recherche chez Natixis), on assiste présentement à une vague de réindustrialisation des pays développés. Dans un contexte favorable (hausse rapide des coûts dans les pays émergents contre une faible croissance dans les pays développé, désindustrialisation au Japon), on voit plusieurs pays (États-Unis, Royaume-Uni, France, pays du sud de la zone euro) se donner des politiques de renforcement des industries manufacturières. Pour évaluer cette nouvelle tendance, Artus mesure et compare les productions et capacités de production de l’industrie, l’emploi manufacturier, l’investissement productif (machines et biens d’équipement) et les parts de marché dans le commerce mondial. Il en arrive à la conclusion que, après quelques années de suivi de ces politiques, on peut dire qu’il y a réindustrialisation qui se limite, pour l’instant, seulement aux États-Unis alors que quelques signes de réindustrialisation apparaissent au Royaume-Uni, très peu en Espagne et au Portugal, aucun en France, en Italie ou en Grèce.

Mais outre ces possibles modèles ‘anglos-saxons’, il y a aussi ceux (pluriels) des pays émergents, où les États jouent un rôle fondamental, y compris par le biais de sociétés d’État et de vastes fonds souverains, pour imposer les choix publics aux forces du marché. Contrairement à St-Michel qui terrasse le dragon, nous ne croyons pas qu’une plus grande transformation des ressources naturelles québécoises soit un mythe à abattre !

Discussion

Commentaire pour “St-Michel (Leblanc) qui abat le mythe de la transformation”

  1. [...] d’emploi qu’elle devrait ouvrir serait celui de DG de la Chambre, car de toute évidence, le « chevalier St-Michel » (Leblanc) a perdu tout sens de la [...]

    Écrit par Oikos Blogue | La CCMM veut engager le maire de Montréal… | mai 6, 2013, 6 h 10 min

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