Il semblerait que le deuxième mandat du président Obama pourrait se faire dans la perspective d’une lutte contre les changements climatiques. Plusieurs signes l’indiquent (voir mon billet d’il y a quelques semaines). Mais l’un des alliés les plus puissants sur lequel nous pouvons compter pour aider Obama à prendre ce tournant c’est justement les changements climatiques eux-mêmes, qui sont en train de frapper la société, et l’économie, étatsunienne.

Selon une récente étude parue dans Climate Change, on établit que la fréquence des températures mensuelles records sont cinq fois plus vraisemblables de se produire en raison des changements climatiques : « …worldwide, the number of local record-breaking monthly temperature extremes is now on average five times larger than expected in a climate with no long-term warming. This implies that on average there is an 80% chance that a new monthly heat record is due to climatic change … Under a medium global warming scenario, by the 2040s we predict the number of monthly heat records globally to be more than 12 times as high as in a climate with no long-term warming. »

L’ouragan Sandy a frappé l’imagination probablement encore plus que Katrina qui avait dévasté la Nouvelle-Orléans en 2005. Pour confirmer ces images catastrophiques chez les populations du Nord-Est des États-Unis, c’est plus récemment un blizzard historique qui a frappé la Nouvelle-Angleterre. Joe Romm, l’animateur du site Climate Progress, a interviewé le Dr Kevin Trenberth, qui dirige la section d’analyse climatique au National Center for Atmospheric Research, pour qu’il explique le rôle des changements climatiques de cette tempête. « Every storm and event is unique, répond le scientifique. It always has unique ingredients. So it is hard if not impossible to take apart, because any piece missing means the storm behaves differently. So event attribution is not well posed. Instead we look for the environment in which the storm is occurring and how that has changed to make conditions warmer and moister over the oceans. » Mais en definitive, son pronostic est clair : « The answer to the oft-asked question of whether an event is caused by climate change is that it is the wrong question. All weather events are affected by climate change because the environment in which they occur is warmer and moister than it used to be. »

Ainsi, grâce à ‘l’allié climatique’, une majorité d’électeurs (principalement démocrates) sont favorables aux mesures de lutte contre les changements climatiques. Selon un sondage réalisé en janvier, respectivement 87%, 69% et 44% des démocrates, des indépendants et des républicains sont favorables à la proposition que les États-Unis prennent des mesures pour réduire les émissions de CO2. Même que 93%, 75% et 52% (dans le même ordre des répondants) affirment que la lutte aux changements climatiques devrait faire partie des priorités du président et du Congrès.

Fait exceptionnel, un autre sondage (réalisé en février) nous permet de mesurer que les Étatsuniens seraient même prêts avec la mise en place d’une taxe carbone (comme outil de lutte contre les changements climatiques) si cela permettait en même temps d’éviter que les États-Unis imposent une politique d’austérité en coupant sévèrement dans les dépenses publiques. Ainsi 67% des personnes sondées préfèrent la taxe carbone à des coupures dans les programmes sociaux. Par ailleurs, le taux de réponse monte à 70% si cette taxe permet de réduire le déficit et à 72% si les revenus de la taxe servent à lutter contre les changements climatiques et à investir dans les technologies propres.