Nous savons le rôle que joue la finance dans la vie quotidienne, et en particulier dans les processus de prise de décision des entreprises. Dans les deux dernières décennies, ce rôle a plutôt été néfaste. Depuis peu, cependant, les acteurs du mouvement de la finance responsable commencent à faire en sorte que la protection des valeurs monétaires ne se fassent plus aux dépends des valeurs sociales des épargnants.
Recours collectif contre Manuvie
Manuvie annonçait le 19 juin 2009 que la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario (OSC) la soupçonnait d’avoir failli à son devoir de divulgation relativement aux risques de marché de certains de ses produits. Suite à cette annonce, Bâtirente, corporation à but non lucratif mandatée par la CSN pour agir à titre de promoteur d’un système de retraite et de placement, a déposé une demande de recours collectif au nom de tous les investisseurs ayant détenu des actions ordinaires de la Société Financière Manuvie entre janvier 2004 et mars 2009. Bâtirente reproche à Manuvie de ne pas s’être protégée adéquatement contre les risques de marché auxquels certains de ses fonds étaient exposés, contrairement à ce qu’elle laissait entendre à ses actionnaires et aux autres acteurs du marché. Bâtirente considère que l’assureur canadien a manqué à son devoir d’information au sujet des risques auxquels étaient exposés ses produits garantis.
Le Green Century Fund, une institution financière étatsunienne active dans le mouvement de la finance responsable (voir dans notre texte paru plus tôt cette semaine, le rôle que cette institution a joué dans la lutte contre le « front du refus » du milieu des affaires aux États-Unis), vient de publier un rapport sur son empreinte carbone, sur la base d’une étude indépendante réalisée par la firme Trucost, un leader dans ce domaine. Selon le rapport, l’intensité carbone des entreprises du portefeuille de ce fonds (tonne de GES par million de $ de revenus) serait aux deux-tiers plus bas que la moyenne des entreprises de l’indice S&P 500 et autour de la moitié de la moyenne de 16 autres fonds de placement comparables. Ce résultat est atteint principalement parce que la politique de placement du fonds conduit à une sous-représentation des entreprises du secteur de l’énergie. La dirigeante du fonds, Kristina Curtis, déclare que « The debate over climate change is over. With emissions restrictions pending in the U.S. and internationally, we believe it is in the best interest of our shareholders to recognize and understand the carbon footprint of the Fund’s investments. ».
Les syndicats norvégiens demandent des comptes au Groupe Nestlé
Voici un exemple qui devrait inspirer les dirigeants et les administrateurs de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Sous la pression du mouvement syndical de la Norvège, le Norwegian Government Pension Fund’s devrait bientôt engager des discussions avec la multinationale suisse Nestlé pour que cette entreprise réponde adéquatement de ses pratiques d’affaires dans le domaine du respect des droits humains et sociaux. Le fonds détient pour une valeur de 1,9 milliards d’Euro en actions de Nestlé, le deuxième plus important placement du portefeuille du fonds. Selon les syndicats norvégiens, Nestlé auraient des pratiques d’abus systématique des droits humains et sociaux : les politiques salariales de l’entreprise en Indonésie et en Inde violeraient les conventions de l’OIT et, par le fait même, les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) adoptés par le fonds. Les syndicats exigent donc que le fonds de pension engage un dialogue immédiat avec Nestlé et que, dans le cas où ces démarches ne débouchaient pas sur des engagements précis de Nestlé, que le fonds considère la possibilité d’un désinvestissement de cette entreprise.
Ce ne serait pas une première pour ce fonds. Récemment, le ministre norvégien des Finances aurait ordonné que le fonds de pension désinvestisse d’une entreprise israélienne pour des raisons d’abus de droits humains, ce qui a provoqué un incident diplomatique avec l’État d’Israël.
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