Depuis le lancement de ses grandes réformes sur plusieurs fronts, le président Barak Obama fait face à une opposition féroce de toute la droite républicaine ou d’extrême-droite. Parmi toute cette droite arcboutée à la défense d’un système de privilèges fondée sur la justice des plus forts et sur la croissance des inégalités, on retrouve une force particulièrement agissante et bien dotée en moyens financiers : la Chambre de Commerce des États-Unis. Elle est probablement le leader de ce « front du refus » qui s’oppose aux projets de l’Administration Obama tels que le marché des permis d’émission de GES, la réforme du système de santé, la régulation du système financier et la taxe sur les entreprises.
Comme nous le mentionnions dans un texte daté du 16 juin, la Chambre de Commerce s’est engagé dans une campagne sans précédent de 100 millions de dollars « to defend and advance economic freedom » face à un gouvernement qu’elle compare aux dictatures de l’Asie du Sud-Est ! De plus, en collaboration avec d’autres organisations patronales, elle est le fer de lance d’une autre campagne (de 200 millions $ !!!) contre la volonté du gouvernement de faciliter les démarches de syndicalisation des travailleurs étasuniens (Employee Free Choice Act).
Mais devant l’extrémisme de l’organisation patronale, on commence à voir des entreprises quitter le bateau ou s’opposer à la direction réactionnaire qu’elle a prise dans tous les domaines, tant économique, social qu’environnemental. C’est surtout autour de l’enjeu des changements climatiques qu’elle fait face à une montée de bouclier. En quelques semaines, trpis des plus grandes entreprises étatsuniennes dans le secteur de la production d’énergie (Exelon, Pacific Gas & Electric et PNM Resources) ont décidé de quitter l’organisation pour ne plus être associés à une organisation qui, non seulement s’oppose à la mise en place de quotas d’émissions de GES sous le prétexte que cela nuirait à la croissance économique, mais carrément nie la réalité des enjeux climatiques.
Alors qu’il s’adressait à une conférence du American Council for an Energy-Efficient Economy (ACEEE), John Rowe, pdg d’Exelon, a déclaré que la campagne de l’organisation était incompatible avec les engagements de l’entreprise dans le domaine des changements climatiques et qu’elle cherchait à ramener les Etats-Unis à des dizaines d’années en arrière sur le plan du débat scientifique !
Dans une lettre envoyée à la Chambre de Commerce, le pdg de Pacific Gas & Electric, Peter Darbee, écrit : « We find it dismaying that the Chamber neglects the indisputable fact that a decisive majority of experts have said the data on global warming are compelling and point to a threat that cannot be ignored. In our opinion, an intellectually honest argument over the best policy response to the challenges of climate change is one thing; disingenuous attempts to diminish or distort the reality of these challenges are quite another. » Le pdg de PGE dénonce la position extrémiste de l’organisation qui, selon lui, ne représente pas la vue de la majorité des entreprises membres. C’est pourquoi son entreprise a plutôt décidé de joindre la U.S. Climate Action Partnership qui adopte une position plus constructive sur la question des changements climatiques.
D’autres entreprises, de tous secteurs d’activités, sont aussi actives pour dénoncer les positions rétrogrades de ceux qui s’opposent à l’administration Obama. Duke Energy, Alstom, Johnson & Johnson et Nike ont pris des positions favorables aux efforts gouvernementaux. Le dirigeant de cette dernière entreprise, Mark Parker, a lui aussi décidé de quitter la Chambre de Commerce, en partie sous la pression d’acteurs de la finance responsable (Green Century Equity Fund, Newground Social Investment ainsi que le Basilian Fathers of Toronto) qui demandaient à l’entreprise d’être conséquente avec ses propres engagements en faveur d’un développement plus durable. Comme plusieurs autres firmes, Nike a choisi d’être active au sein du BICEP (Business for Innovative Climate & Energy Policy) pour contrecarrer les opposants aux réformes.
« Nike believes US businesses must advocate for aggressive climate change legislation and that the United States needs to move rapidly into a sustainable economy to remain competitive and ensure continued economic growth. »
[...] financière étatsunienne active dans le mouvement de la finance responsable (voir dans notre texte paru plus tôt cette semaine, le rôle que cette institution a joué dans la lutte contre le « front du refus » du milieu des [...]
[...] un texte précédent, nous soulignions que, devant sa position extrémiste de refus catégorique d’une politique [...]