Depuis quelques années déjà, la Confédération syndicale internationale (CSI) est particulièrement active dans le dossier des changements climatiques afin que cette lutte s’accompagne des valeurs de justice et d’équité, notamment par la création d’emplois verts et décents, par une transition juste et par des actions qui contribuent à réduire la pauvreté. Participant aux rencontres officielles qui jalonnent la route vers Copenhague, où elle souhaite voir adopter « un accord environnementalement ambitieux et socialement juste », elle informe régulièrement ses membres sur l’évolution des négociations à travers un portail dédié à ce dossier. Plus particulièrement, on propose, à travers les communications de la CSI ou de la fondation SustainLabor, que les syndicats soient impliqués dans les deux principaux volets de la lutte aux changements climatiques : la réduction des émissions de CO2 et l’adaptation aux changements climatiques. Les idées maîtresses de cette vision sont exposées dans une étude complète permettant aux organisations syndicales de s’approprier la démarche.
Cette étude nous indique qu’il est possible d’utiliser les cibles de réduction de GES comme des leviers pour la création d’emplois verts et décents, ou pour verdir d’autres emplois. Plusieurs secteurs de production, ceux liés aux énergies fossiles, aux autres industries qui dépendent d’une consommation d’énergie importante, les secteur du transport, de la production d’énergie, etc., doivent entreprendre des réformes importantes afin de réduire leur GES et ces réformes peuvent avoir des impacts sur l’emploi. Dans ce contexte, les organisations syndicales doivent participer à un dialogue social dont l’objectif est de faire en sorte que les impacts soient plus positifs que négatifs. Par exemple, si des pertes d’emploi s’avéraient inévitables, il faudrait mettre en place des programmes de formation et de protection sociale pour les travailleurs affectés par ces mesures, mais aussi des plans de diversification économique pour les communautés touchées, notamment pour éviter l’effondrement de régions dépendant d’un type d’activité. C’est en ce sens, que l’on peut parler d’une transition juste pour les travailleurs et les communautés affectés. En outre, ces espaces de dialogue multipartite peuvent aussi permettre d’identifier des opportunités de création d’emplois verts et décents. Les possibilités sont nombreuses, mais requièrent des mesures complémentaires (formations, développement de nouvelles qualifications pour les travailleurs, etc.). Les programmes dédiés à l’efficacité énergétique des bâtiments, la construction de bâtiments verts, le développement du transport collectif permettant de créer beaucoup d’emploi tout en favorisant la réduction des GES.
Le volet d’intervention concernant l’adaptation aux changements climatiques doit comprendre dans un premier temps des mesures de protection pour la population. Certaines personnes sont déjà, ou deviendront, plus vulnérables aux changements climatiques, pensons notamment aux personnes plus pauvres, ayant moins de pouvoir de mobilité et de moyens pour s’adapter. Deuxièmement, les changements climatiques auront de nombreux impacts sur la santé humaine, sur la productivité de certains travailleurs et sur les conditions de travail de plusieurs personnes qui travaillent à l’extérieur. Le secteur de la santé doit donc recevoir une attention prioritaire. Troisièmement, les changements climatiques auront des impacts variés sur les écosystèmes et les milieux bâtis. Les transformations engendrées auront certainement des impacts socioéconomiques diversifiés et certains secteurs comme l’agriculture, la forêt et les infrastructures sont plus à risque et doivent éventuellement faire l’objet de stratégies d’adaptation. Certaines de ces stratégies d’adaptation permettront de créer des emplois, et de compenser pour des pertes éventuelles dans d’autres secteurs, notamment les projets d’infrastructures et les différents travaux pour préparer les communautés à faire face aux changements climatiques. Les actions seront d’autant plus réussies si la démarche d’ensemble vise la création d’emploi de façon ciblée afin de réduire la pauvreté et les inégalités sociales dans certaines communautés.
[...] parallèle avec la démarche de formation de SustainLabor et de l’UNEP (voir l’article de Nathalie Guay paru mardi sur OikosBlogue) le mouvement syndical européen a lui aussi lancé un guide de [...]