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Des inégalités croissantes aux États-Unis

crise_immobiliereAvec le passage du taux officiel de chômage au-dessus du 10 %, les États-Unis sont confrontés à un risque de rechute de la croissance en 2010. Outre les pertes réelles d’emplois qu’exprime le taux officiel (près de 200 000 emplois perdus en octobre), s’il fallait aussi tenir compte du nombre de personnes qui acceptent, involontairement, de travailler moins d’heures, on arriverait à un taux de plus de 17 % de sous-emploi.

Dans un article récent du New York Times, on mentionne que la dégradation de la situation des travailleurs étatsuniens est la pire qui est survenue depuis la Grande Dépression des années 1930. L’indice du BLS (Bureau of Labor’s Statistics) concernant le salaire hebdomadaire moyen des employés du secteur manufacturier aurait baissé pour 9 mois consécutifs, une première en 44 ans (c’est-à-dire depuis que le BLS calcule cet indice).

Mais par ailleurs, on constate que les grandes institutions financières vont payer un record de 140 milliards $ en bonus cette année, un record de tous les temps. L’argumentation pour défendre cette distribution inéquitable des revenus est le mantra que l’on connaît bien : « they need competitive pay packages, pointing to threats from non-U.S. companies, private-equity firms and hedge funds. » Un représentant de Goldman Sachs, Brian Griffiths, ancien conseiller de Margaret Thatcher, souligne : « We have to tolerate the inequality as a way to achieve greater prosperity and opportunity for all. »

L’économiste Robert Schiller, professeur à l’Université Yale, affirme plutôt que les enjeux autour des inégalités croissantes de revenus conduisent les États-Unis dans une situation pire que celle créée par la crise des marchés financiers l’an dernier. L’écart de revenu entre le 10 % des plus riches et le 10 % des plus démunis est de 11,4 fois, un record. La richesse produite par les États-Unis depuis 1979 est accaparée par une minorité de super riches : le 1 % des plus hauts revenus a accru ses revenus de 256 % entre 1979 et 2006 alors que la classe moyenne a accru les siens de 26 % et les plus pauvres de 11 %. En 2007, cette minorité s’est accaparée du tiers de tous les revenus distribués aux États-Unis !

La solution proposée par Robert Schiller : revenir à une fiscalité plus progressive en indexant automatiquement la fiscalité à la distribution des revenus pour diminuer les inégalités. Plutôt que des taux fixes, le taux des plus riches seraient automatiquement augmenté en fonction de la hausse de leurs revenus. Fallait simplement y penser…

Discussion

Commentaire pour “Des inégalités croissantes aux États-Unis”

  1. [...] Malgré ce taux de croissance élevé, ça ne va pas comme dans le meilleur des mondes aux États-Unis. Même si les licenciements se font à un rythme moindre, elles se poursuivent. Pour la première fois depuis le virage ultralibéral du président Reagan, le taux de chômage repasse la barre du 10 %. Près de 200 000 emplois ont été perdus en octobre. En plus de la baisse des emplois, la baisse des heures travaillées et du salaire hebdomadaire moyen fait craindre pour la solidité de la reprise (voir aussi mon texte sur les inégalités qui se creusent aux États-Unis). [...]

    Écrit par Oikos Blogue | Conjoncture au Canada : une gestion de la crise qui privilégie les banques | novembre 9, 2009, 9 h 52 min

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