Au lendemain de leur conférence de presse tenue pour dénoncer le retrait par la ministre déléguée des Services sociaux, Mme Lise Thériault, des 3,5 millions de dollars annoncés le 2 octobre dernier, la Fédération des coopératives de services à domiciles et de santé du Québec, la Coalition des entreprises d’économie sociale en aide domestique et l’Aile rurale, trois organisations représentant 95 entreprises d’économie sociale en aide domestique (EÉSAD) au Québec, ont tenu à répliquer vivement aux affirmations tenues par la ministre hier.
Malgré le double discours qui est trop souvent une marque de commerce du gouvernement actuel, il est clair qu’en l’espace de deux mois la ministre Thériault est passée d’une injection d’argent neuf pour les usagers de service d’aide à domicile au retrait de cet argent aux entreprises de service d’aide à domicile (EÉSAD). Dorénavant, cet argent devra être trouvé à même les budgets existants, ce que le ministère de la Santé et des Services sociaux a confirmé aux regroupements représentants les EÉSAD. Les clients étant déjà avisés de leur augmentation d’aide, il revient donc aux entreprises de trouver l’argent pour financer l’« investissement » de la ministre.
C’est un cas, on ne peut plus clair, de ce qui est donné d’une main peut impunément être retiré de l’autre ! Comme le disent les représentants du Chantier de l’économie sociale, « C’est scandaleux quand on considère l’impact que le sous-financement général de ce secteur a sur une clientèle vulnérable et démunie et les conditions de travail de milliers de travailleuses dévouées et sous payées. »
Il faut rappeler que les EÉSAD demandent 15 millions $ pour mettre à niveau le Programme d’exonération financière des services d’aide à domicile (PEFSAD) et que cette demande ne peut être considérée que comme le début d’un plan plus large pour assurer la viabilité à long terme des entreprises de ce secteur. Si on veut que ces entreprises offrent à la fois des conditions de travail décentes pour leurs travailleuses ainsi qu’un service adéquat aux diverses clientèles qu’elles desservent, l’État doit fournir un paiement approprié.
« Ce que la ministre ne semble pas comprendre est que ça prend une aide adéquate pour une clientèle démunie et vulnérable pour que cette clientèle puisse bénéficier de nos services et ce n’est pas ses 3,5 millions imaginaires qui vont régler ça. Mais ça prend aussi des entreprises viables pour livrer les services, sinon qui va les offrir ? Le tiroir de la clientèle et celui des entreprises font partie du même meuble, celui d’un soutien à domicile à la hauteur des défis que le Québec doit absolument relever. Il faut toujours avoir en tête que ces entreprises ne sont pas là pour générer des excédents, mais bien pour offrir des services de qualité à leurs usagers et des conditions de travail au moins convenables à leurs préposées. Bouger de l’argent dans un budget insuffisant ne le multiplie pas et, au bout du compte, c’est celui qui consomme les services qui devra finalement payer. Et, dans ce cas-ci, il s’agit principalement de personnes âgées en perte d’autonomie. Le premier ministre doit intervenir rapidement pour éviter que notre clientèle fasse les frais de décisions sans vision de la part de Mme Thériault » a commenté J. Benoit Caron, directeur général de la Fédération des coopératives de services à domicile et de santé du Québec.
De très nombreuses organisations de la société civile se sont jointes aux regroupements représentants les EÉSAD pour appuyer leur cause : l’Association québécoise pour la défense des droits des retraités et des préretraités, la CSN, la FTQ, la Conférence des Tables régionales de concertation des aînés du Québec, le Régime de retraite des groupes communautaires et des femmes, Relais-Femmes et le Réseau FADOQ.
Il y a 101 EÉSAD au Québec qui emploient environ 6 000 personnes et offrent à 79 000 clients, dont environ 80 % ont 65 ans et plus, 5 millions d’heures de services annuellement. La clientèle de ces entreprises, si elle répond aux critères du programme, obtient une aide financière du PEFSAD.
[...] faut rappeler, comme OikosBlogue le signalait dans un texte précédent, que la ministre déléguée aux Services sociaux, Lise Thériault, a annoncé un financement [...]