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Le samedi 23 avril 2022

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L’empreinte écologique d’un taco : 100 000 km

Récemment, l’Institut économique de Montréal (IEDM) s’est penché sur l’étude de la consommation responsable, en particulier sur le débat entourant l’empreinte écologique des biens et, ce qui en découle logiquement pour les groupes écologiques, la stratégie favorable à l’achat local. Comme à chaque fois où l’IEDM s’empare d’un sujet, il fallait craindre le pire en termes de rapetissement de la pensée. Comme je l’affirme dans un blogue précédent, en parlant du président de cet organisme, les propagandistes de cet institut utilisent la NOVLANGUE, « qui vise à restreindre l’étendue de la pensée, à favoriser la parole officielle et empêcher l’expression de pensées hétérodoxes ou critiques. »

Nous n’avons pas besoin de lire l’étude de Pierre Desrochers, professeur de géographie de l’Université de Toronto, pour en connaître les résultats : il est, par définition, impossible que le modèle abstrait de l’achat local pur puisse concurrencer le modèle abstrait d’efficacité économique globalisée. D’un point de vue analytique, dans le cadre de leur « monde » économique désincarné, c’est une vérité absolue. Mais le problème est justement là : les outils d’analyse économique standards ne sont des vérités que dans leur monde imaginaire. Depuis longtemps, les économistes les plus reconnus – récompensés par des « prix Nobel » – ont remis en cause ces vérités lorsqu’il faut les confronter à la réalité qui échappe aux absurdes hypothèses de l’économie standard. Et c’est d’autant plus le cas lorsqu’il faut tenir compte de la dimension environnementale de l’activité économique. Alors là, en raison des externalités négatives particulièrement importantes pour lesquelles il est pratiquement impossible d’évaluer les coûts, ces outils sont doublement caducs.

Dans ce cas il faut sortir des modèles économétriques standards, fondés sur des hypothèses irréalistes, et adopter des approches comptables plus proches de la réalité concrète. En outre, une analyse sérieuse de l’empreinte écologique des biens de consommation passe nécessairement par la comparaison de produits plus complexe que la fraise, comme le fait Pierre Desrochers. Cet exemple de la fraise est symptomatique de l’incapacité de l’analyse économique standard à analyser la complexité du monde : pour faire leurs analyses, ils doivent constamment réduire les objets étudiés à des idéaux-types extrêmement réducteur. D’où l’exemple de la fraise. Pourriez-vous, M. Desrochers, refaire la même analyse pour un plat préparé d’un fast food ? J’en doute fort.

C’est pourtant ce qu’ont fait les chercheurs du California College of the Arts en décomposant un taco en ses différents ingrédients et en calculant, pour chacun d’eux, le transport qu’ils ont dû faire pour composer le taco qui sera dégusté en Californie. Selon leur calcul, les ingrédients du taco ont parcouru 64 000 miles, ou autour de 100 000 km : deux fois et demi le tour de la Terre.

L’analyse du cycle de vie reste à faire pour chaque bien et les outils pour le faire ne sont pas encore largement disponibles. C’est la raison pour laquelle il faut rester critique face à ces dernières. Il y a même eu, l’an dernier, une recherche qui prétendait qu’une analyse du cycle de vie comparée du Hummer et de la Prius donnait la première gagnante !!! Je ne serais aucunement surpris d’apprendre que cette analyse avait été faite sous les bons soins de l’IEDM !

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