Nous savons le rôle que joue la finance dans la vie quotidienne, et en particulier dans les processus de prise de décision des entreprises. Dans les deux dernières décennies, ce rôle a plutôt été néfaste. Depuis peu, cependant, les acteurs du mouvement de la finance responsable commencent à faire en sorte que la protection des valeurs monétaires ne se fassent plus aux dépends des valeurs sociales des épargnants.
Les syndicats japonais s’engagent pour l’intégration des critères ESG
La puissante fédération japonaise des syndicats, le RENGO, vient de lancer un vaste plan pour faire en sorte que les fiduciaires des caisses de retraite contrôlées par les travailleurs incorporent dorénavant les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) dans les choix de placement. Présentée le mois passé dans le cadre de la conférence asiatique du TBLI (Triple Bottom Line Investing) par le responsable politique du RENGO, Hitoshi Takezume, la position du principal syndicat japonais est issue d’un rapport sur le capital des travailleurs et les enjeux ESG récemment approuvé par les instances dirigeantes. L’objectif est de délaisser les stratégies de gestion de court terme au profit d’un processus d’analyse selon les critères ESG, sur un horizon de plus long terme.
Les analystes soulignent l’importance stratégique de cette nouvelle politique syndicale dans le contexte d’un nouveau gouvernement du Parti Démocrate, plus proche du mouvement syndical, qui a mis fin à 50 ans de règne du Parti Libéral Démocrate. Dans la mesure où les caisses de retraite contrôlées par le RENGO représentent, avec près de 400 milliards $, autour de la moitié de l’actif des caisses de retraite privées, cette décision devrait avoir des conséquences importantes sur les pratiques financières au Japon. « ESG is a way of regaining trust in investment and that should be communicated to our savers. We believe that we should, for example, be looking at green innovation and technology to regenerate growth. As a trades union we previously paid little attention to the way our capital was managed, but we are concerned that our money could be used for workers violations, hence the need for these ESG guidelines. »
L’industrie belge de la finance se donne un label ISR
L’Association belge des asset managers (BEAMA) vient de lancer un label ISR qui est censé définir les exigences auxquelles doivent répondre les produits financiers socialement responsables. Trois associations actives en la matière, le Réseau financier alternatif, Netwerk Vlaanderen et Forum Ethibel, montent aux barricades pour dénoncer cette nouvelle escrocrie des milieux financiers. Selon eux, tant au niveau de la sélection des entreprises que de leur contrôle et de la transparence des méthodes utilisées, le label proposé ne tient pas la route. Par exemple, la méthodologie n’indique pas s’il suffit simplement d’adhérer aux principes du Pacte Mondial pour être sélectionné, sans autres formes de reddition de compte. L’indépendance du comité consultatif est questionnée puisque ses membres sont nommés et révoqués par ceux dont les produits sont contrôlés.
Le secteur financier belge veut faire croire qu’il est capable de s’autoréguler. Pour les associations militantes, la faible qualité de ce label montre plutôt la nécessité pour l’État de proposer une norme légale ISR.
[...] les travailleurs pour qu’ils incorporent dorénavant les critères ESG (dont nous avons parlé dans un billet l’an passé), un Guide de placement responsable, Responsible Investment of Workers’ Capital, vient d’être [...]