Nous savons le rôle que joue la finance dans la vie quotidienne, et en particulier dans les processus de prise de décision des entreprises. Dans les deux dernières décennies, ce rôle a plutôt été néfaste. Depuis peu, cependant, les acteurs du mouvement de la finance responsable commencent à faire en sorte que la protection des valeurs monétaires ne se fassent plus aux dépends des valeurs sociales des épargnants.

Risques financiers des changements climatiques

Jusqu’à maintenant, n’étant soumise à aucune contrainte économique pour leurs émissions de CO2, les entreprises (mais aussi les citoyens) peuvent impunément contribuer au réchauffement climatique sans qu’il leur en coûte un sous. Mais sous l’impulsion de l’administration Obama et de sa nouvelle loi sur l’énergie, les entreprises étasuniennes seront bientôt soumises aux règles des permis d’émissions qui se traduiront, sous une forme ou une autre, par de nouvelles charges financières liées aux quantités de CO2 et autres gaz à effet de serre émises. La firme de consultant Trucost vient de réaliser une étude pour le compte de l’Investor Responsability Research Center, dans laquelle elle analyse la sensibilité des entreprises inscrites au S&P 500 au risque carbone. Les émissions de CO2 de ces entreprises seraient plus importantes que toutes celles émises par les automobiles, autobus, camions et avions pour l’ensemble des États-Unis en 2007. Sur les 2,17 milliards de tonnes de CO2 émises par ces entreprises, celles du secteur des « utilités publiques » (essentiellement la production d’énergie électrique) sont responsables de 59% des GES. D’après l’étude, les charges liées aux émissions de CO2 dans le cadre des quotas d’émission pourraient réduire de 45% les profits de ce secteur. Le risque financier d’investir dans ces entreprises va donc devenir de plus en plus important. On peut prévoir que les exigences en termes de reddition de compte des émissions de GES dans les rapports des entreprises cotées seront de plus en plus fortes.

Paradis fiscaux

La lutte contre les paradis fiscaux va bon train. Aux États-Unis, le président Obama a décidé de s’attaquer à ce problème qui ferait perdre 100 milliards $ de revenus fiscaux pour l’administration centrale. En février de cette année, la banque suisse UBS aurait été condamnée à payer une amende de 780 millions $ pour avoir aidé des citoyens étasuniens aux revenus élevés à échapper au fisc. Lors d’une rencontre des ministres des Finances du G8, à Berlin, le Secrétaire du Trésor de la Grande-Bretagne a appelé à une reddition de compte pays par pays des multinationales, là où elles ont des activités réelles, ce qui permettrait d’éviter les échappatoires fiscaux. La proposition a été immédiatement appuyée par les ONG qui sont actives dans le mouvement pour une responsabilité sociale élargie des entreprises. Selon ces dernières, le manque de transparence de ces multinationales fait perdre des milliards de $ de revenus fiscaux aux pays en développement, et favorise les pratiques de corruption.

Placement responsable

La caisse de retraite des employés de Philips, qui avec ses 13 milliards d’euros est l’une des plus importantes de la Hollande, est présentement en processus pour réaliser tous ses placements en suivant des critères ESG (environnement, social, gouvernance). Déjà, les entreprises qui ont des liens avec l’industrie de l’armement biologique, chimique ou nucléaire ou avec la production de bombes à fragmentation ou de mines anti-personnelles sont exclues. Pour tous les autres placements, le fonds fait appel à des analystes qui utilisent les grilles de critères ESG, ce qui lui permettra de se donner une stratégie claire privilégiant les entreprises qui seront proactives face aux enjeux environnementaux, aux respects des droits humains et à de bonnes pratiques de gouvernance.