Je le signalais dans un billet récent, les meilleurs économistes annoncent une retombée dans la crise dans les années à venir. « Faire de la réduction du déficit la première cible, affirment-ils, reviendrait à faire exactement la même erreur que celle des années 1930, ce qui prolongerait la Grande récession, mettrait à mal la cohésion sociale déjà fragile du pays et infligerait à des millions de personnes une inutile souffrance ».
Alors qu’on s’attendait à ce que le discours ultralibéral soit totalement discréditer, on voit plutôt encore une fois s’imposer un discours orthodoxe faisant la promotion de la réduction drastique des dépenses publiques pour rétablir les « équilibres » ; se reconstituer rapidement les forces déstabilisatrices qui ont conduit à l’effondrement de 2008-2009 ; s’élargir le « front du refus » des forces réactionnaires qui refusent catégoriquement toute stratégie de reconversion vers une économie verte ; s’étendre la précarité, les diverses formes de sous-emploi, alors que les inégalités de revenus continuent d’être au plus haut, etc.
Dans ce contexte déprimant, j’ai trouvé relativement stimulant certaines idées lancées par les économistes de l’organisation étatsunienne Center for American Progress. Voici trois suggestions qu’ils avaient soumises à la commission du président Obama sur la fiscalité, suggestions qui ont été écartées la semaine dernière lors du dépôt du rapport final de cette dernière. Selon Think Progress, ces propositions permettraient non seulement de réduire le déficit sur le long terme, mais en même temps donneraient à l’économie des États-Unis plus de stabilité et d’équité.
Première proposition : une taxe sur les transactions financières. À un niveau de 0,5 %, une telle taxe permettrait de diminuer les tendances à la multiplication des transactions financières qui n’apportent aucun bénéfice économique ou social (on calcule qu’elle diminuerait de 25 % le volume de transactions) et de générer 265 milliards $ en revenu annuel.
Deuxième proposition : une taxe sur les banques. Proposée l’an passé par le président Obama, cette idée n’a pas passé le cap de la discussion au Congrès. Pourtant, une telle taxe dédiée aux plus grandes institutions bancaires, qui serait associée à leurs prises de risque, permettrait d’améliorer à la fois le bilan des grandes banques ainsi que la position compétitive des plus petites banques. Cette taxe permettrait enfin de rembourser une partie des coûts du sauvetage des banques lors de la crise.
Troisième proposition : une taxe sur le carbone. Cette taxe permettrait de générer des revenus tout en luttant contre le réchauffement climatique. Par exemple, la mise en place d’un marché de crédit produirait des revenus annuels de 52 milliards $ annuellement.
Mais dans les États-Unis de 2010, quelle probabilité y a-t-il de voir la mise en place d’une telle réforme de la taxation ? ZÉRO !
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