Qu’annonce l’économie mondiale en 2011 ? Il semble que la généralisation des politiques de rigueur des pays européens va entraîner le continent dans la stagnation ; au pire, cela pourrait même déboucher sur une nouvelle récession. Au point où la banque centrale étatsunienne s’inquiète des menaces que la « crise de la dette européenne » fait peser sur la reprise de l’économie des États-Unis.
Heureusement pour tout le monde, les économies émergentes, dont la Chine, l’Inde et le Brésil, sont en période de croissance rapide avec des programmes massifs d’investissements, qui devraient en partie tirer l’économie européenne, grâce en particulier à l’excellence du secteur des biens d’équipement de l’Allemagne. L’Allemagne aurait d’ailleurs connu, en 2010, sa meilleure année d’exportation depuis la réunification, avec une croissance de 14,2 %. Le moteur de la machine étatsunienne étant bloqué, les pays émergents devraient donc jouer un rôle important, mais sera-t-il suffisant ?
Les craintes de la banque centrale des États-Unis ne se limitent pas au problème européen. Dans leur propre cours il y a assez d’inquiétudes pour les tenir éveillés, en particulier la fragilité du secteur immobilier. Si l’emploi ne repart pas bientôt sur des bases plus solides – le pays ne parvient pas à créer mensuellement 150 000, soit le seuil qu’il faut atteindre pour commencer à baisser le taux de chômage -, il y a un risque de retomber dans un nouveau cycle, encore plus dramatique, de saisies de maisons. Selon les spécialistes, la crise a fait dévaloriser les maisons de quelque 9 000 milliards $ depuis 2006, dont 1 700 milliards pour 2010. Et la situation, empirant en fin d’année, laisserait présager le pire pour 2011. La Fed avait vraiment toutes les raisons pour mettre en branle son programme d’injection de 600 milliards $ de liquidités.
Au Canada, c’est pour l’instant la reprise du marché des ressources – lui aussi tiré par les pays émergents – qui permet aux financiers et aux spéculateurs de se dire optimistes. Mais le Canada manufacturier, c’est-à-dire le Québec et l’Ontario, sont les perdants de ce pays dont le huard grimpe en parallèle avec la hausse du prix du pétrole. L’exemple de la firme suédoise Electrolux, qui déménage 1 300 emplois vers les États-Unis – pour diverses raisons, dont une devise trop élevée, des salaires moins élevés aux États-Unis mais aussi du fait d’une panoplie de subventions et d’aides financières de la ville de Memphis et de l’État du Tennessee – devrait se reproduire sur une plus vaste échelle dans les années à venir.
Andrew Jackson souligne que les modestes créations d’emplois ont permis que le Canada récupère le nombre de personnes en emploi d’avant la grande récession, mais qu’il est encore loin du niveau d’emploi pré-récession, puisque le taux de création d’emplois reste sous le taux de croissance de la population active. Selon Jackson, ce sont les politiques d’austérité du gouvernement fédéral et des provinces qui sont responsables de ce problème.
Jusqu’à maintenant, le Québec s’en tire assez bien. L’emploi total rebondit sensiblement en décembre (près de 25 000) et, malgré la remontée de la population active (+ 13 200), le nombre de personnes en chômage recule pour un deuxième mois de suite et sa septième baisse mensuelle en 2010. Le taux de chômage baisse à 7,6 %, son plus bas niveau depuis décembre 2008. Dans le même élan, le taux d’emploi se redresse à 60,5 ainsi que le taux d’activité, à 65,4 %. Mais ce serait étonnant que dans le contexte actuel cette performance dure encore bien longtemps. La bande d’incompétents qui nous dirigent devrait avoir bientôt raison de la résilience du modèle québécois…
[...] les institutions financières et … record de bonus aux courtiers ! Comme je l’indiquais dans un billet la semaine dernière sur la conjoncture économique en 2011, les problèmes de l’immobilier aux États-Unis ne sont pas terminés. « Si l’emploi ne repart [...]