La crise semble avoir bien peu affecté les salaires des dirigeants des grandes banques d’affaires et des maisons de courtage de Wall Street. Selon le HuffingtonPost, les 25 institutions recensées par l’enquête annuelle du Wall Street Journal ont versés en 2010 pas moins de 135 milliards de dollars sous forme de salaire et de diverses rémunérations type bonus, prime… Ça représente une hausse de 5,6 % par rapport au 128 milliards de 2009. Toujours selon l’enquête du WSJ, les revenus totaux des firmes de Wall Street ont atteint un record à 416 milliards $.
Pendant cette période, la rémunération moyenne des travailleurs étatsuniens a connu une baisse de 1,5 %. Mais l’évolution de la situation des travailleurs de la classe moyenne est assez tragique aux États-Unis. Comme le montre un billet paru sur le site Think Progress, la détérioration de leur situation au cours des 40 dernières années serait directement associée au déclin du mouvement ouvrier organisé, comme on peut le constater dans le graphique qui suit.
Selon l’auteur, l’influence du mouvement syndical ne s’exprime pas seulement sur le plan de l’entreprise, elle s’exerce sur les plans politique et social : un mouvement syndical fort est davantage apte à favoriser des législations avec des retombées socioéconomiques pour l’ensemble de la population; il est aussi le principal défenseur du filet de protection sociale. Sur le plan davantage microéconomique, le mouvement syndical permet de faire en sorte que le travail reçoive sa juste part de la création de la valeur ajoutée. Dans un contexte où il ne représente plus que 12,5 % des travailleurs, le mouvement syndical étatsunien ne joue plus ce rôle : depuis 40 ans, ce sont les classes les plus favorisées qui s’accaparent une portion de plus en plus importante du revenu national des États-Unis.
Dans un autre billet, on compare les États-Unis aux pays arabes présentement confrontés à des mouvements de révolte massifs. Or, avec un coefficient Gini de 45, les États-Unis seraient au 42e rand des pays les plus inégaux, avant même la Tunisie (62e) et l’Égypte (90e). Bien sûr que le niveau de vie général aux États-Unis est bien supérieur à ces deux pays, mais les inégalités entre les plus haut et les plus bas revenus serait pire. Aux États-Unis, le 1% le plus riche s’accapare 25 % du revenu total du pays, alors que cette proportion était sous les 10 % dans les années 1970. C’est que depuis les années 1980, plus de 80 % des richesses ont été siphonnées par l’oligarchie des 1% les plus riches.
Pour l’économiste Robert Schiller, ces inégalités « is potentially the big problem, which is bigger than this whole financial crisis. If these trends that we’ve seen for 30 years now in inequality continue for another 30 years…it’s going to create resentment and hostility. »
[...] survit qu’avec 2 dollars par jour, et d’inégalités de plus en plus insupportables. Pourtant, comme vous pouvez le constater dans mon billet d’hier, notre voisin étatsunien connaît un degré d’inégalité comparable, voire pire que celui de [...]