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Le samedi 23 avril 2022

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La démesure de la corruption

Selon le quotidien anglais The Guardian la fortune de l’ancien président égyptien Hosni Moubarak et de sa famille, au pouvoir depuis 1981, serait établit entre 40 et 70 milliards de dollars. Ces chiffres dépassent l’imagination. Si on compare par exemple à la rémunération plus ou moins illégale versé au premier ministre Charest (75 000 $), c’est près de un million de fois (1 000 000 !) plus important.

La comparaison est boiteuse, j’en conviens. Pour que ce soit un peu plus comparable, il faudrait faire l’hypothèse que Jean Charest, comme Moubarak, ait réussi à s’imposer pendant 30 ans à la tête du Québec. En additionnant son salaire à sa rémunération illégale, ça représente un montant de 6 millions $ accumulés pendant cette période. Quand même, ça reste 10 000 fois moins important que le chiffre de 40 ou 70 milliards $ volés par Moubarak au peuple égyptien, quoique ce chiffre est sûrement exagéré.

[Le magazine Challenges.fr a dressé un classement non exhaustif des fortunes de chefs d'Etat arabes, sachant qu'il est très compliqué d'estimer la richesse du libyen Muammar Kadhafi ou du syrien Bashar al Assad.]

Dans le fond, il n’y a pas de comparaison possible entre ces deux situations. Le système démocratique parlementaire empêche un tel niveau de corruption, à une échelle d’autant plus sordide qu’elle s’est faite aux dépends d’un peuple dont plus de la moitié de la population ne survit qu’avec 2 dollars par jour, et d’inégalités de plus en plus insupportables. Pourtant, comme vous pouvez le constater dans mon billet d’hier, notre voisin étatsunien connaît un degré d’inégalité comparable, voire pire que celui de l’Égypte. Ce qui empêche la révolte, c’est le fait que le niveau vie général, malgré cette inégalité, est bien supérieur. Et que la population vote elle-même pour son malheur !

Mais revenons au Québec. Jusqu’à maintenant, notre système démocratique et notre structure socioéconomique rendaient tout à fait improbable un tel niveau d’inégalité qui pousse à la révolte. Mais il me semble que le régime actuel du gouvernement Charest est, sans équivoque, en train de créer les conditions pour que, dans un avenir plus ou moins rapproché, nous ferons face à une telle situation ici même. L’accaparement de nos richesses naturelles par quelques amis du régime; un pouvoir politique qui méprise profondément la volonté populaire; des liens trop étroits entre le PLQ, la grande entreprise et les milieux mafieux; un pouvoir médiatique concentré dans quelques mains, pas très propres; tout ça mérite un examen de conscience sérieux de la part de l’opposition souverainiste et des nombreux contre-pouvoirs de la société civile, heureusement relativement nombreux, pour éviter que la situation dérape vers une situation sans issue. Nous reviendrons sur ces enjeux prochainement.

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