Si l’Europe sociale est un échec lamentable, il faut par contre reconnaître que sur le plan de la lutte au réchauffement, l’Europe est à l’avant-garde des efforts. Rappelons que dans le cadre du Protocole de Kyoto, l’Union européenne – l’UE-15 – devait, pour la période 2008-2012, atteindre l’objectif de réduction de 8 % de ses émissions de GES sous le niveau de 1990. Selon le rapport le plus récent de l’UE, cet objectif sera largement atteint. Et ce, malgré une croissance économique de 44 % depuis 1990. Donc contrairement à ce que soutiennent tous les dirigeants qui refusent des engagements chiffrés de réduction, sous le prétexte que cela entraînerait une grave crise économique, l’Europe est l’exemple vivant que ces dirigeants sont des menteurs.
L’Europe est déjà ailleurs : la Commission européenne vient d’accepter formellement un plan de reconversion écologique de l’Union européenne vers une économie à faible intensité carbone. La Roadmap for moving to a competitive low-carbon economy in 2050 vise une réduction de 80 % à 95 % des émission pour 2050 avec la cible intermédiaire des triples 20 % pour 2020 : 20 % de réduction de GES, une proportion de 20 % d’énergie renouvelable et une amélioration de 20 % de l’efficacité énergétique.
Cependant, en raison de la crise qui a durement frappé l’Europe, plusieurs spécialistes estiment que l’objectif de 30 % de réduction est maintenant parfaitement envisageable – du fait que la crise, en ralentissant la croissance, a fait baisser de façon significative le niveau d’émission pendant trois ans. D’autant plus que plusieurs d’entre eux évaluent que les cibles très élevées de 2050 exigent des réductions d’au moins 25 % des émissions dès 2020.
Selon le plan de reconversion dévoilé il y a quelques jours, on anticipe que l’Europe de 2050 roulera en voitures hybrides et électriques et que la population vivra dans des bâtiments à faible émission de carbone dans des villes vertes sans pollution avec des transports publics très efficaces. La reconversion écologique aura donné à l’économie une vague impressionnante d’investissement dans les technologies propres, permettant ainsi d’ajouter 1,5 millions d’emplois dès 2020 et de réduire de 30 % l’énergie consommée dès 2015.
Ils évaluent que pour parvenir à ces objectifs, l’Europe devra investir, en moyenne, 270 milliards d’euros par année pendant 40 ans. Cependant, pendant ces quatre décennies, l’Europe devrait pouvoir épargner, en moyenne, 320 milliards d’euros par année en économie d’énergie. Contrairement au Rapport Stern qui proposait d’investir l’équivalent de 1 % du PIB par année, le plan européen suggère plutôt le taux de 1,5 %.
[...] une réduction de 50 % des GES. À la condition que l’Union européenne fasse le même choix… Nous avons vu dans un billet en avril qu’au sein même de l’Union européenne un débat fait rage autour de la proposition [...]