Après la série de manifestations qui ont eu lieu dans plusieurs régions, il semble acquis que l’Assemblée nationale française va se prononcer pour l’interdiction totale de l’exploitation des gaz de schiste sur le territoire français. Le président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, a décidé qu’une proposition de loi UMP serait examinée en urgence le 10 mai prochain par les députés. Puisque le PS a lui aussi déposée une proposition en ce sens, on peut d’ores et déjà affirmer qu’il s’agira d’une grande et inattendue victoire pour les mouvements écologistes.
Il faudra nous aussi, au Québec, en venir à cette solution. L’évaluation stratégique sur les gaz de schiste devrait durer deux ans, soit le temps pour ce gouvernement de terminer son mandat et pour ce parti d’être jeter dans la poubelle de l’histoire politique québécoise. Ce sera à un nouveau gouvernement de prendre la décision, qui devrait être plus facile à prendre puisque les preuves s’accumulent, démontrant que les gaz de schistes sont dans les faits plus polluants encore que le charbon ! Jusqu’ici il était facile pour nous d’être vertueux et de s’opposer aux énergies fossiles les plus polluantes, telles que le charbon et les sables bitumineux : nous n’en n’avons pas au Québec. Aujourd’hui, nous devrons être conséquent et avoir le courage, comme les Français, d’interdire l’exploitation des gaz de schiste sur le territoire québécois.
Selon une étude réalisée par trois professeurs de l’Université Cornell, sur le court terme, l’exploitation des gaz non-conventionnels par la méthode de fracturation émet plus de GES que l’exploitation du charbon. Ce serait moins vrai sur le long terme (100 ans), nous disent les chercheurs, mais le problème c’est que l’enjeu du réchauffement climatique se joue dans les 30-40 ans.
Il faut comprendre que le gaz naturel est principalement composé de méthane. Lorsqu’il brûle, le gaz naturel (donc le méthane qui le compose) émet des GES. Il en émet moins que le pétrole et encore moins que le charbon. Le problème provient du fait que, d’une part, la méthode d’exploitation par fracturation implique qu’une part beaucoup plus importante du gaz s’échappe dans l’air (de 30 à 50 % de plus que l’exploitation conventionnelle du gaz), et que d’autre part, le méthane est lui-même une source de GES, 22 fois plus importante que le CO2 qu’il produit lorsqu’il brûle. Chaque tonne de méthane qui s’échappe produit 20 tonnes d’équivalent de CO2 ! Selon l’étude, de 3,6 à 7,9 % du gaz s’échappe de chaque puits sur sa durée de vie.
Par contre, l’effet de serre causé par le méthane dure moins longtemps que celui du CO2, dans un rapport de 1 à 10. Après quelques décennies, le méthane se dilue et n’a plus d’effet sur le réchauffement climatique. Comme on peut le constater dans les deux tableaux suivants, les chercheurs évaluent que sur un horizon de 20 ans, les gaz de schiste exploités aujourd’hui émettent plus de GES que le pétrole et le charbon alors que sur un horizon de 100 ans, les effets seraient moins évidents.
Donc, le problème n’est pas le gaz de schiste en lui-même ; c’est celui de la méthode d’exploitation. Or, la découverte sur l’île d’Anticosti serait du pétrole non-conventionnel dans un milieu géologique de même type que celui des gaz de schiste. Est-ce que son exploitation se fera aussi par fracturation ? Est-ce que ça implique aussi l’échappement de gaz ? Il faudrait absolument que l’évaluation stratégique aborde aussi ces questions !
[...] à fait insoutenable de la technique de fracturation. Je le mentionnais dans un billet précédent, une étude réalisée par trois professeurs de l’Université Cornell, démontre que sur le court terme, l’exploitation des gaz non-conventionnels par la méthode de [...]