Dans un billet précédent, je m’étais royalement trompé en pensant que, devant une situation d’urgence, face à une catastrophe qu’il était possible d’éviter, la gauche canadienne voterait de façon stratégique, comté par comté, pour s’opposer à un pouvoir majoritaire de la droite réactionnaire conservatrice. Elle ne l’a pas fait, avec les résultats que l’on connaît maintenant.
Mais au Québec, comment peut-on qualifier ce vote en faveur du NPD ? Croyant voter contre la majorité conservatrice – ce qu’un vote au Bloc Québécois assurait de façon beaucoup plus sûr – cette vague orange a donné au NPD un nouvel élan au Canada, suffisant pour déboucher sur une catastrophique division du vote en Ontario, permettant ainsi aux Conservateurs de se faufiler entre les votes de l’opposition. Avec un peu moins de 40 % des votes, c’est-à-dire moins de 25 % des électeurs Canadiens, un parti politique dont le chef serait « la version canadienne de George W. Bush, la chaleur et l’intelligence en moins », va, pendant les quatre prochaines années, transformer les institutions de ce pays de manière fondamentale.
En ce qui me concerne, les stratèges et les électeurs du NPD portent une lourde responsabilité pour les quatre prochaines années que nous allons vivre. En particulier, l’inconscience des électeurs québécois me dépasse. Au nom du changement, ils se déplacent comme des bancs de poisson, votant un jour massivement pour l’ADQ, un autre pour le NPD. Au moins cette fois nous ne serons pas affligés d’une bande de crétins comme l’avait été la députation adéquiste. Reste que, dans ce système électoral pourri, qui surestimait l’influence du Bloc dans les parlements passés et qui le sous-estime dans le parlement actuel, les souverainistes sont extrêmement mal représentés. Le Bloc devrait avoir au moins une vingtaine de députés pour représenter ses plus de 20% d’électeurs, ce qui aurait permis de conserver quelques-uns des nombreux députés bloquistes qui, pendant plusieurs années, ont très bien servi les intérêts du Québec. Dans ce parlement, le Québec est le grand perdant. Et je n’ai absolument aucune confiance dans la machine du NPD pour défendre les intérêts du Québec. Comme nous le rappelle Jean-François Lisée, les organisateurs de ce parti partagent, comme la plupart des Canadiens, le même mépris contre les souverainistes en particulier, et les Québécois en général.
Pendant les quatre prochaines années, ce gouvernement nous fera vivre les moments les plus sombres de l’histoire du Canada contemporain, confirmant ainsi le choix de plusieurs Québécois que ce n’est pas dans ce pays dans lequel nous vivre, dans lequel nous aspirons à créer une société plus juste et durable. Le 2 mai 2011, malgré la pensée jovialiste de la vague orange, 68,4 % des électeurs québécois ont voté contre le projet réactionnaire de la droite canadienne (Bloc, NDP, Vert). D’un autre côté, 48 % des électeurs du ROC ont voté pour ce projet et 21 % pour les Libéraux, ce parti exécré par la très grande majorité des Québécois. Même si leur message concernant un réel projet de changement reste à clarifier, celui de leur rejet est sans équivoque.
Cette semaine, j’ai choisi de vous présenter, dans la chronique des auteurs invités d’OikosBlogue, un large éventail de réactions de souverainistes suite à ces élections, de manière à alimenter la réflexion sur le nécessaire changement à proposer. Aujourd’hui je vous suggère la réaction de Pierre Dubuc alors que demain ce sera celle de Jean-François Lisée.
Les électeurs du Québec voulaient participer à un changement au parlement d’Ottawa et ils ont pensé que voter NPD était la meilleure façon de rendre le changement possible, pas de voter une autre fois pour le Bloc Québécois. Que le résultat global au Canada donne Harper majoritaire a déçu beaucoup de ceux qui ont voté NPD au Québec mais cela était hors de leur contrôle. Vous pensez qu’appuyer le Bloc Québécois était la meilleure stratégie à adopter? Au contraire, puisque moins de candidats conservateurs ont été élus au Québec avec le vote massif pour le NPD. C’est là un fait auquel les divers analystes partisans inconditionnels du Bloc devraient réfléchir.