Le Devoir de la fin de semaine passée (23-24 avril) était particulièrement pertinent pour cette fin de campagne électorale. Depuis la création du nouveau Parti conservateur, en 2003, qui regroupe la droite conservatrice, l’extrême droite religieuse et les ultralibéraux purs et durs, le projet d’un Canada franchement ancré dans le camp réactionnaire d’un occident impérialiste, belliqueux et négationniste est à deux doigts de se réaliser. Stephan Harper fait partie de ces émules d’un ordre conservateur qu’on a récemment vu apparaître un peu partout à travers le monde : ce même mépris de l’État et de la démocratie, ce même type de politiciens fondamentalistes, voire intégristes, de l’idéologie ultralibérale sur le plan économique et ultraconservatrice sur le plan social, sans aucun scrupule, prêt à tout pour obtenir le pouvoir. Leur objectif : faire obstacle à tout changement du mode de régulation, que la crise financière a pourtant rendu inévitable, vers un nouveau paradigme centré sur le développement durable, que la crise écologique rend tout-à-fait nécessaire.
La conjoncture actuelle est idéale pour l’administration Harper. Le pire étant maintenant passé sur le plan économique, le déficit qu’ils ont accumulé à contrecœur justifie maintenant la mise en place de mesures pour retourner à l’équilibre budgétaire. Mais comme toujours, ce parti cache sa nature profonde derrière un savant dosage de marketing politique. Se donnant une image de bon administrateur, qui saura couper le superflu sans douleur, il trompe sciemment la population. Quand même, autour de 60 % de ceux qui vont voter le 2 mai ont conscience de cette escroquerie. Mais une partie de ceux qui vont voter pour ce parti ou qui ne se déplaceront même pas pour user de leur droit n’ont aucune idée des enjeux qui sont derrière cette élection. Un gouvernement conservateur majoritaire aura quatre ans pour changer les institutions de ce pays de manière fondamentale.
D’abord en réduisant de façon drastique le rôle et la place de l’État. Comme nous le montre Hélène Buzzetti et Manon Cornellier dans leur texte du Devoir, les coupes de l’administration Harper seront extrêmement douloureuses. Leur projet n’est pas de rétablir les finances publiques. Leur projet est de profiter de l’occasion pour diminuer la taille de l’État en coupant 80 000 postes de fonctionnaires, près du tiers de toute la fonction publique. Connaissant l’importante qu’ils accordent à la loi et l’ordre ainsi que leurs ambitions de faire du Canada un des faucons de la Pax Americana, on peut sans peine deviner où les coupures se réaliseront : par l’élimination de programmes publics essentiels à la réglementation publique et à la bonne vie en société.
Il y aura des coupures dans les dépenses sociales, mais en même temps, baisse d’impôt pour les plus fortunés. La baisse des impôts des entreprises représentaient déjà, en 2009 une perte de 12 milliards $ de revenus fiscaux pour le gouvernement fédéral (par rapport au taux de 2000). Et cette perte ne tient même pas compte des deux dernières baisses en 2010 et 2011. Mais en plus, l’administration Harper veut augmenter de 5 000 $ à 10 000 $ le compte d’épargne libre d’impôt (CÉLI), qui n’est pourtant utilisé que par 18 % de la population, les plus favorisés des citoyens. En 2010, ça représentait 19 milliards $ d’épargne non imposée. Avec un CÉLI à 5 000 $, on calcule le coût de cette mesure pour les finances publiques à 3 milliards $ par année. Donc son doublement veux dire 6 milliards $ de revenus en moins !
Par ailleurs, avec le programme d’achats militaires – avions offensifs et nouveaux avions et navires pour des interventions d’envergure sur des théâtres d’opération éloignés – l’armée canadienne sera matériellement différente de celle des 50 dernières années. Ce sera une armée au service du nationalisme plus belliqueux, ancré sur une philosophie de justice populiste, punitive, que l’administration Harper cherche à mettre de l’avant, qui franchira une étape majeure sous un gouvernement majoritaire. Les gouvernements qui succéderont à cette administration devront poursuivre cette politique militaire.
Du point de vue énergétique, le développement sur une échelle encore plus démesurée de l’industrie des sables bitumineux ainsi que le probable feu vert donner à l’exploration et l’exploitation des ressources énergétiques dans l’arctique, placera le Canada dans le camp des pays les plus farouchement opposés à toute entente internationale de lutte contre le réchauffement. Ce gouvernement participera à la construction de la plus formidable machine de lobbying et de propagande négationniste.
Dans ce contexte, il faut être conscient que chaque vote a une importance cruciale, puisque le parti conservateur n’est qu’à 5 ou 6 députés pour obtenir un gouvernement majoritaire. Dans ce contexte, nous dit Éric Grenier du Devoir, « la montée du NPD est avantageuse pour les conservateurs dans les luttes serrées, alors que le vote NPD-PLC se divise. Avec beaucoup de circonscriptions en jeu, un résultat historique pour le NPD pourrait livrer un gouvernement majoritaire aux mains de Stephen Harper. »
D’une certaine manière, je suis d’accord avec Amir Khadir qui se réjouit de voir que la grande majorité du vote québécois se porte sur des programmes de gauche. Mais l’appel inconsidéré d’Amir Khadir au vote NPD au Québec me dépasse. Mais Louis-Gilles Francoeur signale, dans son article du Devoir de la fin de semaine, que les électeurs québécois pourraient « priver le parti de Stephen Harper d’au moins six circonscriptions au Québec » en faisant appel au site Internet www.projetdemocratie.org pour vérifier dans leurs comtés les candidats les mieux placés pour battre les conservateurs.
Les choix que nous avons à faire le 2 mai sont cruciaux. Dans ces moments, il faut savoir faire le geste qui compte.
Vous êtes des pro-BQ et des péquistes… c’est ce que prouve cet article. Comment tenir un tel dicours en ce moment même, alors que la gauche via les intentions de vote NPD montent???
Désinformation. Vérifiez vos sources, Amir Kadhir et QS n’ont pas de consigne de vote, ils appellent à bloquer les conservateurs. Si c’est unE candidatEs NPD, c’est tant mieux!
[...] au profit des programmes sociaux québécois. Mais l’administration Harper a été plus loin en diminuant de 6 points de pourcentage le taux d’imposition des entreprises. La dernière baisse, de 1,5 point de pourcentage, sera en vigueur à partir du 1er janvier 2012. [...]