Nous savons le rôle que joue la finance dans la vie quotidienne, et en particulier dans les processus de prise de décision des entreprises. Dans les deux dernières décennies, ce rôle a plutôt été néfaste. Depuis peu, cependant, les acteurs du mouvement de la finance responsable commencent à faire en sorte que la protection des valeurs monétaires ne se fassent plus aux dépends des valeurs sociales des épargnants.

L’appel des députés européens débouche sur la création de Finance Watch

J’en parlais dans un billet l’an passé : dénonçant l’asymétrie d’information et de pouvoir de la finance sur les citoyens, des députés européens s’étaient unis derrière une déclaration commune exigeant une réglementation beaucoup plus sévère des marchés financiers et des banques, mais appelaient aussi les organisations de la société civile à se regrouper et à se donner une contre-expertise. C’est maintenant fait : l’appel des députés européens a pris le nom de Finance Watch. Son objectif: mettre fin à l’asymétrie entre la puissance de l’industrie financière et l’absence de lobbying des ONG dans le domaine de la finance constituent un problème démocratique. Même si l’initiative s’adresse d’abord à un public européen, elle va constituer un exemple à suivre pour les autres régions du monde.

Une formation universitaire sur le placement durable

L’École de gestion John-Molson de l’Université Concordia vient d’annoncer la création d’un programme menant au titre de professionnel en placements durables. Les sujets abordés dans le cadre de cette formation porteront sur les enjeux de durabilité, gouvernance, déontologie, responsabilité sociale des entreprises et viabilité de l’environnement. Parmi le conseil consultatif figurent notamment des représentants de la Caisse de dépôt et placement du Québec, de Desjardins, de Cascades et du Groupe investissement responsable (GIR). « Le programme répond à un réel besoin qu’ont les investisseurs de demain d’être outillés pour évaluer le rendement et le risque inhérents à un investissement en fonction de critères non-financiers. » Espérons que les professionnels de la Caisse de dépôt s’en serviront effectivement pour éviter les pratiques totalement irresponsables de son passé récent. Espérons aussi que le programme de formation se fera en collaboration avec les universités francophone du Québec.

Un hedge fund québécois responsable

On connaît le modus vivendi des hedge funds, ces institutions financières opaques qui canalisent une partie importante des actifs des banques, des grandes caisses de retraite et autres investisseurs institutionnels pour spéculer sur tous les types d’instruments financiers à l’abri des régulateurs en se réfugiant dans les paradis fiscaux. Mais comme à peu près toutes les innovations, l’idée initiale part d’un besoin réel. C’est dans son utilisation que tout dérape. Pour éviter ce dérapage, des institutions financières québécoises, dont Fondaction qui a été le promoteur de départ, se sont regroupés pour créer un hedge fund québécois, HR Stratégies, qui s’inspire des meilleures pratiques de la finance responsable, notamment la transparence et le mode de rémunération du gestionnaire. Cette transparence fait en sorte que le gestionnaire du fonds s’engage à éviter les paradis fiscaux. D’ores et déjà le fonds a canalisé un montant initial de 175 M$, avec les engagements de la Caisse de dépôt et placement du Québec (60 M$), Fondaction CSN (55 M$), le Fonds de solidarité FTQ (50 M$) et le Régime de retraite des employés de la CSN (10 M$). Pour mieux comprendre l’initiative, je vous suggère de lire la présentation de Luc Verville dans la Revue vie économique en cliquant ici.

Regroupement des outils financiers issus des mouvements sociaux : Euresactiv’

Un nouveau regroupement d’institutions financières responsables proches du mouvement syndical vient de voir le jour : Euresactiv’, le Réseau international d’investissement socialement responsable, coordonné par Euresa Institut, en partenariat avec l’ICMIF (Fédération internationale des coopératives et mutuelles d’assurance) et le CWC (Comité sur le capital des travailleurs). Ce regroupement s’inscrit en complémentarité et dans le prolongement des Principes pour l’Investissement Responsable (PRI), dont la plupart de ses membres sont aujourd’hui signataires. Parmi les 12 membres actuels d’Euresactiv’, notons la présence de Fondaction et de Bâtirente, deux outils financiers créés à l’initiative de la CSN.