Une coopérative rurale d’épargne et de crédit innovatrice
Au Sénégal, aux alentours de Méckhé, dans la région de Thiès, à trois heures de route de Dakar, la capitale, des paysans bénéficient de l’électricité photovoltaïque grâce à leurs «mutuelles de solidarité», toutes fédérées dans une coopérative rurale d’épargne et de crédit : plate-forme de pompage solaire pour irriguer la terre communautaire ; transformation de leurs produits agricoles (aubergines, choux, gombos, tomates, papayes et oignons) ; conservation ou stockage de leurs produits ; éclairage public par l’alimentation en lampes de basse consommation dans les petites rues des villages ; congélateur communautaire pour refroidir médicaments, aliments, jus de fruit maison ; recharge des téléphones mobiles ; etc. Tout cela nécessite de l’énergie dans une région qui dispose de 365 jours de soleil par année. Mais comment faire quand le réseau public d’électricité ne s’y rend pas et qu’il n’y a aucun espoir de son extension à de tels villages dans la prochaine décennie. Le tout a commencé en 1995.
Une union de groupements paysans qui fédèrent 90 «mutuelles de solidarité» dans autant de villages
Dans chacun des villages, un regroupement coopératif de paysans, membre d’une Union des groupements paysans de Mécké (90 groupements sont membres de l’UGPM), s’est mis en marche. Il gère aujourd’hui l’installation. A l’échelle sous-régionale, l’atelier Kayer voit non seulement à subvenir aux besoins énergétiques des agriculteurs, il voit maintenant à l’installation de stations familiales de production d’électricité solaire. À l’origine du projet un partenariat de l’UGPM avec l’ONG française Terre solidaire par l’intermédiaire d’un prêt de sa société d’investissement, la SIDI (une société d’investissement solidaire pour le développement créée en 1983).
Quand on connaît le contexte, on se dit qu’il y a là une innovation majeure de l’économie populaire et coopérative en milieu rural: en effet, au Sénégal, pays à majorité paysanne, il n’y a que 16% de la population rurale qui a accès à l’électricité (et à peine 10% en Afrique de l’Ouest). Or il est fortement improbable qu’on puisse un jour raccorder toutes ces familles au réseau public parce qu’elles sont généralement très dispersées (dans des villages de plus ou moins 500 habitants), ce qui serait très coûteux et que les entreprises publiques, par les temps qui courent, n’ont plus la cote au Sénégal comme ailleurs. De plus, l’UGPM juge que les produits pétroliers ont des prix nettement prohibitifs sans compter qu’ils sont émetteurs de CO2. Bref, l’avenir est au solaire et n’est pas réservé qu’aux riches !
Pendant ce temps, à quelques cent kilomètres de là, à Saint-Louis, une commune importante de la région (200,000 habitants), des Groupes d’intérêt économique (GIE), version sénégalaise de l’économie populaire et solidaire, s’occupe de la collecte des déchets dans les quartiers populaires de la commune comme ont pu le constater une partie de la délégation québécoise du Groupe d’économie solidaire (GESQ) qui s’était rendue au Sénégal fin janvier/début février, à Saint-Louis, pour explorer de futurs partenariats, puis à Dakar pour les débats en cours sur l’internationalisation de l’économie solidaire dans le cadre du Forum social mondial. Pour en savoir plus à ce propos, lire le dernier bulletin du GESQ.
Une mise en perspective
Pour revenir à l’expérience de l’énergie par le solaire, on peut désormais en déduire que, dans ces villages, la question écologique n’est plus un vain mot. Quand on pense au potentiel d’une telle initiative, on peut l’imaginer changeant d’échelle en devenant une alternative réelle aux énergies fossiles ou au raccordement à un improbable réseau d’électricité national pour des centaines de milliers de familles des pays de l’Afrique de l’Ouest comme le Sénégal, le Burkina-Faso, le Mali, la Guinée, le Niger, etc. Voilà bien un exemple qu’offre le croisement d’un mouvement paysan, d’une organisation de solidarité internationale qui a su développer des outils de financement appropriés et le dispositif d’une coopérative d’épargne et de crédit au service d’associations villageoises. A l’heure de RIO 2012, ce type d’expérience arrive à point nommé !
Source : Patrick Piro dans le magazine de Terre solidaire, numéro 259, juin-juillet 2011.
Le lien qui apparaît à la source ne fonctionnne pas.
Je serais intéressé à lire l’article de Piro, pouvez-vous le vérifier?
Merci
[...] etc.). L’expérience d’un regroupement paysan sénégalais dans la région de Thiès que j’ai relaté dans un billet l’an dernier est très révélatrice à cet effet. C’est tout récemment que j’ai découvert que UPA-DI [...]
[...] et des garanties de prêts pour accompagner des projets de développement local comme celui de l’électrification par le solaire dans des villages au Sénégal. Son financement provient de placements à rendement social de ses membres. Au 1er janvier 2011, le [...]
[...] 2015. Et dans des pays du Sud, l’expérience de Villa el Salvador au Pérou ou celle d’uneorganisation paysanne au [...]