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Le samedi 23 avril 2022

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Mafia, patronat, PLQ : la République des dirigeants-voyous ?

Ça vaut la peine de reprendre mon billet du 10 mars 2011 ! Après le coulage d’un rapport resté secret de l’unité anticollusion (on trouve le rapport sur le site de Radio-Canada), les questions que je me posais concernant les craintes de mainmise de milieux mafieux sur l’État se confirment. Comme on le trouve mentionné dans le rapport : « S’il devait y avoir une intensification du trafic d’influence dans la sphère politique, on ne parlerait plus simplement d’activités criminelles marginales, ni même parallèles: on pourrait soupçonner une infiltration voire une prise de contrôle de certaines fonctions de l’État ou des municipalités. »

« Outre les motards et la mafia, nous disent des journalistes de La Presse, des groupes d’entrepreneurs généraux eux-mêmes ‘fonctionnent comme des cartels’ pour éliminer la concurrence et organiser la collusion […]. Et l’omerta règne dans l’industrie. »

Mais on comprend pourquoi le premier ministre du Québec s’acharne à refuser une commission publique d’enquête : le rapport de l’unité anticollusion est accablant pour les ministères visés et pour les partis politiques, dont les enquêteurs ont nécessairement évité de nommer spécifiquement le PLQ. Cet acharnement dans le refus de faire toute la lumière est un aveu encore plus accablant : ce gouvernement est corrompu en son cœur même. Mme Marois a été on ne peut plus clair : en protégeant le PLQ, M. Charest protège la mafia, les milieux criminels.

Dans mon billet du 10 mars, j’établissais un lien entre ce que nous vivons à l’heure actuelle et la période duplessiste.

« Cette ère des dirigeants-voyous (économiques et politiques) nous rappelle celle d’avant la Révolution tranquille. Nous pensions que cette « révolution » démocratique avait mis fin définitivement à cette ère du copinage et des pratiques de corruption. Les diverses variantes du modèle québécois que nous avons développé tout au long de quatre décennies – 1960-2000 – ont effectivement permis d’instituer de nouvelles relations, plus ouvertes, entre les grands acteurs économiques, en particulier en y intégrant les mouvements sociaux (syndical, coopératif puis, plus récemment, communautaire). Les liens étaient tissés serrés, mais l’intérêt général semblait continuer à prévaloir. Mais depuis une dizaine d’années, depuis l’arrivée au pouvoir du PLQ de Jean Charest, les institutions qui encourageaient, sur une base plus ou moins formelle, la concertation des acteurs politiques et économiques en faveur d’un nationalisme économique ont été éliminées au profit d’un vaste réseau de complicités politiques et d’influences occultes favorables à un régime de ploutocrates, comme on appelait au début du XXe siècle la nouvelle oligarchie des grandes familles richissimes qui s’accompagnait d’inégalités croissantes. En écartant, dès son arrivée au pouvoir, les mouvements sociaux des cercles de la gouvernance politique, le gouvernement Charest a été le principal initiateur de ce mouvement de régression sociale. Ça ne pouvait que conduire à ce que nous vivons actuellement. »

Et je concluais de la façon suivante : « Il ne s’agit pas de s’enfermer dans l’idée obsessionnelle du complot mafieux. Ce qui est l’enjeu ici, ce qui aggrave la présence de la pieuvre mafieuse dans la société québécoise, c’est le fait que les dirigeants politiques et économiques actuels semblent partager avec elle la même volonté de desceller, en catimini, les fondations du modèle québécois de développement. En écartant les mouvements sociaux et en s’associant à la frange la plus anti-étatiste des milieux d’affaires, on ne pouvait qu’assister à une dérive du modèle québécois : la perversion d’une culture de la concertation par le copinage et la corruption pour la mainmise sur les relations privilégiées avec l’État et l’appropriation des rentes qui y sont associées. »

Combien de temps encore les Québécois vont-ils endurer cette corruption endémique ? Eux qui semblent si émoustiller par les promesses de richesses du fameux Plan Nord de Charest, savent-ils combien leur coûte cette corruption, ce vol de la richesse collective ? On parle, au bas mot, de centaines de millions de dollars chaque année. Peut-être même 800 millions $, c’est-à-dire le montant des compressions annoncées dans les dépenses publiques du Québec, « en partie dues aux débordements des coûts en transport » selon les dires de la ministre Courchesne…

Il y a seulement quelques semaines, selon un sondage les Québécois étaient pourtant plus de 30 % à vouloir voter pour le PLQ, ce parti de la corruption. Et ils étaient encore plus nombreux à être prêt à voter pour le futur parti de François Legault, qui ne peut être que de la même engeance. C’est à désespérer ! Je ne suis pas désabusé des politiciens : je le suis des électeurs québécois…

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