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Le samedi 23 avril 2022

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Keystone XL : les lobbys seront actifs aux États-Unis et au Canada

La décision du président Obama de remettre la décision finale concernant le pipeline Keystone XL au premier trimestre de 2013, soit peu de temps après l’entrée en fonction de celui qui gagnera les élections présidentielles de 2012, en a surpris plus d’un. Sage décision nous dit le spécialiste des questions climatiques, Joe Romm. Elle représente une excellente victoire du mouvement écologiste étatsunien qui avait mobilisé ses troupes sur cet enjeu majeur. La semaine dernière, ce sont 12 000 personnes – parmi lesquelles, en majorité, des partisans qui l’avaient soutenu pour sa campagne de 2008 – qui avaient encerclé la Maison Blanche, et le rendait directement redevable de la décision sur ce projet.

Maintenant, c’est certain, le pipeline sera un enjeu de l’élection de 2012. Et tous les coups seront permis. Au début du mois, un éditorial du Washington Observer, un quotidien détenu par le milliardaire du pétrole Philip Anschutz, dans un désir évident de diviser les alliés des Démocrates, présentait l’enjeu de l’approbation du projet de pipeline comme le conflit entre le mouvement syndical, qui veut les milliers d’emplois découlant de la construction du pipeline, et le mouvement écologiste, qui veut empêcher que les États-Unis de consommer le pétrole. Dans la réalité, la majorité des syndicats membres de l’AFL-CIO, s’oppose au projet Keystone XL, qui n’est appuyé que par les syndicats de la construction, qui auraient déjà signé une entente avec TransCanada. Cette entreprise laisse entendre qu’elle créerait 13 000 emplois, alors que les spécialistes affirment qu’au plus 1 000 emplois temporaires de la construction seraient créés…

Le « civilizational risk » que représente l’exploitation des sables bitumineux pour les écologistes étatsuniens exprime, peut-être plus que tout autre enjeu, l’importance des élections présidentielles de 2012. Le parti Républicain est devenu le parti des négationistes, des anti-sciences, totalement soumis aux intérêts des pétrolières. Non seulement les politiques en faveur de la lutte au climat de l’administration Obama sont-elles toutes remises en question par la Chambre des représentants républicaine, mais ce sont maintenant les institutions phares de la protection de la santé et de l’environnement qui sont menacés, dont l’EPA. Obama cherche donc, avec sa décision sur Keystone, à assurer sa réélection en mobilisant ses troupes sur ces enjeux fondamentaux.

Mais la victoire des écologistes contre le projet Keystone devrait signifier, pour nous, un motif de préoccupation. Les plans de développement des sables bitumineux des prochaines années reposaient en partie sur la possibilité d’écouler un million de barils par jour de pétrole sur le marché des États-Unis. Lorsqu’on voit la bande de péquenots qui se présentent pour faire la lutte à Obama, on peut comprendre que la ratification finale du projet de pipeline en 2013 doit représenter quelque chose de très hasardeux ! Est-ce que, dans ces conditions, l’industrie des sables bitumineux va décider d’attendre sagement, ou ne va-t-elle pas plutôt miser sur l’accélération des projets alternatifs. Comme je le signalais dans le billet du 6 octobre, le pipeline Keystone XL représente le volet Sud du vaste plan de développement des sables bitumineux, mais il y a aussi le volet Ouest du pipeline TransMountain (vers le Pacifique) ainsi que le volet Est du projet Trailbreaker de la société Enbridge, qui permettrait de transporter ce pétrole sale vers les côtes de l’Atlantique.

Encore très récemment, Équiterre intervenait à la Cour du Québec dans la cause qui oppose le citoyen de Dunham, Stéphane Durand, à la société Pipe-lines Portland Montréal Ltée (PLPM), sur le cas de la station de pompage de Duhnam, qui s’inscrit justement dans le projet Trailbreaker de Enbridge, qui y ferait transiter quelque 200 000 barils de pétrole albertain par jour. Équiterre veut continuer de suivre les procédures contre monsieur Durand, mais elle aura besoin d’un support renouvelé puisqu’on peut s’attendre à ce que le lobby du pétrole, qui a un accès privilégié au gouvernement Harper, usera de tout son pouvoir pour bousculer ceux qui nuiront au développement de l’industrie.

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