Les manifestations contre les projets énergétiques issus des sables bitumineux se déplacent de Washington à Ottawa. 400 à 500 manifestants ont envahi la colline parlementaire la semaine dernière pour protester contre le projet de pipeline Keystone XL. Pour l’occasion, la police avait installé des barrières pour empêcher les manifestants d’accéder aux terrains habituellement ouverts au public. Néanmoins, plus d’une centaine de personnes ont franchi la barrière en guise de désobéissance civile contre le choix du gouvernement fédéral de tout faire pour que ce projet se réalise.
Mais le pipeline Keystone XL n’est pas le seul à devoir conduire au développement démesuré des projets « criminels » d’exploitation des sables bitumineux. Quatre groupes écologistes québécois (Greenpeace, Équiterre, la Fondation Suzuki et Nature Québec) nous rappellent que le pipeline Keystone XL représente le volet Sud du vaste plan de développement des sables bitumineux (de l’Alberta vers le Golfe du Mexique), auquel s’ajoute le volet Ouest du pipeline TransMountain (vers le Pacifique) ainsi que le volet Est avec le projet de la société Enbridge, qui permettrait de transporter ce pétrole sale vers les côtes de l’Atlantique.
Dans le cadre de ce dernier volet, la société Enbridge demande à l’Office nationale de l’énergie (Québec) la permission d’inverser le flux du pipeline qui achemine présentement le pétrole importé de Montréal vers Sarnia, en Ontario. Le pétrole transporté proviendrait désormais de l’Alberta, transiterait par Sarnia à la pointe sud du lac Huron, et filerait ensuite jusqu’à Westover, près de Hamilton. Les quatre groupes écologistes soulignent qu’une autre société, Pipeline Montreal, se dit aussi prête à inverser le flux du pipeline Montréal-Portland. Il devient évident, à leur avis, qu’une fois cette inversion réalisée, les promoteurs vont réclamer le raccord final entre Westover et Montréal.
Mais le traitement du pétrole lourd provenant des sables bitumineux dans les raffineries de Montréal va augmenter les émissions de gaz à effet de serre du Québec, car son traitement exige plus d’énergie. De plus, nous dit Steven Guilbeault, du groupe Équiterre, sa plus haute teneur en soufre va susciter une hausse de la pollution dans l’Est de Montréal. Rappelons, pour mémoire, que depuis la fermeture de Shell la seule raffinerie en opération à Montréal est détenue par Suncor (qui a acquis tous les actifs de Pétro-Canada), un joueur important de l’industrie des sables bitumineux de l’Alberta.
J’utilise plus haut les termes de « projets criminels d’exploitation des sables bitumineux ». J’emprunte l’expression à Joe Romm, mais ils sont de plus en plus nombreux ceux qui voient dans ce développement un crime contre l’humanité. Par exemple, 8 Prix Nobel de la paix ont récemment envoyé une lettre à Stephan Harper pour lui demander de stopper l’expansion de cette industrie, rappelant que les GES émis représentent à toute fin pratique l’échec de la lutte contre les changements climatiques. « It will also ultimately make turning the clock back on climate change impossible, » disent les auteurs de la lettre, dont Desmond Tutu, Shirin Ebadi et Jodi Williams. Alors que nos ministres fédéraux ont commencé à répéter le discours absurde des lobbies du pétrole en utilisant le concept de « pétrole éthique », les Prix Nobel affirment que le gouvernement canadien fait face à « profoundly moral decision, one that deserves to be placed alongside any other major struggle in human history. »
Ces maudits pipelines nous empoisonnent.
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