Dans le premier billet de cette série nous avons fait un survol de la situation actuelle de l’énergie solaire alors que dans le deuxième nous avons vu que la tendance à la baisse des coûts de production se poursuit et même s’accélère, faisant apparaître une loi de Moore, avec des prix chutant de 7% par année. Pour les spécialistes, nous serions à quelques années du point où l’électricité produite par le solaire PV deviendra moins chère que l’électricité générée par le charbon.
Une énergie solaire de plus en plus compétitive
C’est maintenant l’Agence internationale de l’énergie qui l’affirme : l’énergie renouvelable, peut importe la source, est d’ores et déjà compétitive ou même moins chère que l’énergie fossile lorsque l’on tient compte des coûts sociaux et environnementaux de cette dernière. Mais lorsqu’on se limite au prix du marché, c’est une question de quelques années avant que ce soit le cas, même pour le charbon, la source énergétique fossile la plus abondante et la plus polluante. On le constate dans le graphique suivant : d’ici 2016, la diminution des coûts de production de l’énergie solaire et la hausse de ceux du charbon devrait permettre d’arriver à une parité, puis à une plus grande compétitivité de l’énergie solaire dans les années suivantes. La parité avec l’énergie nucléaire serait pour 2014.
L’AIE va jusqu’à affirmer : « Taking the portfolio as a whole, [Renewable Energy] technologies should no longer be considered only as high–cost, immature options, but potentially as a valuable component of any secure and sustainable energy economy, providing energy at a low cost with high price stability. »
Mais en certains endroits cette parité est déjà atteinte. À Los Angeles, l’organisation Open Neighborhoods a mis en place des ‘jardins solaires’ communautaires, en quelque sorte des regroupements d’achats résidentiels et commerciaux de panneaux solaires qui permettent de diminuer le coût de production d’électricité (même pour les petits acheteurs résidentiels) à parité avec le prix de l’électricité fournie par le réseau public. Le regroupement permet de baisser le prix à 4,40$ du watt installé, soit 2$ de moins que le prix standard de l’énergie solaire, ce qui ramène le coût de l’énergie solaire sous le prix du réseau. Il permet même de sauver 6 cents par kwh pour toute la période du contrat (25 ans).
Ce mouvement de jardin solaire communautaire est florissant aux États-Unis, au point où cette automne on a vu aussi apparaître un Occupy Rooftops qui a déclaré le 20 novembre comme le Community Solar Day. « As the protesters leading the Occupy Wall Street movement decry the big banks that crashed the economy, robo-foreclose people’s homes and continue to finance mega fossil fuel projects like the Tar Sands, community solar represents one path forward: clean energy created for and by the people. »
Mais il ne faut pas penser que l’approche de la parité avec les énergies fossiles ne constitue pas aussi un argument de changement pour les entreprises. Les exemples foisonnent de grandes entreprises qui mettent de l’avant des projets qui, par leur ampleur, vont justement permettre que se réalise la baisse des prix. Il ne faut pas se surprendre que les entreprises pionnières dans ce domaine sont justement celles qui ont quitté le membership de la Chambre de commerce des États-Unis pour ses positions réactionnaires sur la question des changements climatiques. La compagnie Apple va installer des panneaux solaires sur le toit de son nouveau siège social (5MW); Google, qui a déjà 915 millions $ d’investi dans des projets d’énergie renouvelable, prévoit participer à l’installation de panneaux solaires sur les toits de 10 000 résidences, pour une capacité installée de 88 MW, au coût de 880 M$.
Les exemples se multiplient. Mais ce qui devrait prendre de l’ampleur c’est l’échelle qu’ils vont bientôt prendre. Voici un cas qui permet de l’illustrer. Steven Chu, le secrétaire d’État à l’Énergie vient récemment d’annoncer une garantie de prêt de 1,4 milliard $ au projet Project Amp qui vise à installer des panneaux solaires sur les toits d’édifices commerciaux et industriels à travers le pays avec une capacité installée de 733 MW, créant 1000 emplois sur une période quatre ans. Le projet se fait en partenariat avec un gestionnaire d’immeubles.
Il semble donc de plus en plus que les entreprises étatsuniennes sont en voie de changer leur perception de l’industrie solaire. L’installation de panneaux solaires sur le toit de l’édifice apparaît de moins en moins comme un coût, mais plutôt comme un actif avec des revenus garantis sur le long terme !
Dans la quatrième et dernière partie de cette série, nous allons faire un détour du côté des pays émergents et des régions équatoriales, où l’énergie solaire devrait s’imposer dans les prochaines décennies.
Discussion
Pas de commentaire pour “Le siècle du soleil (partie 3)”