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Le samedi 23 avril 2022

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Solidarité internationale : une nouvelle période s’ouvre peut-être

Au Québec, sensible à tous les changements en matière de solidarité internationale après le coup d’assommoir de l’ACDI ce fameux 23 décembre 2011, une nouvelle période s’ouvre peut-être : celle d’une transformation des OCI à partir de nouveaux outils politiques, une Agence québécoise de solidarité internationale, et de nouveaux outils financiers c’est-à-dire un fonds dédié aux PME collectives de communautés du Sud opérant dans une logique de prêts et de garanties de prêts (plutôt que de dons uniquement) telles que le proposent maintenant des organisations comme l’AQOCI et le GESQ. À coup sûr, le rapport AQOCI-MRI annoncé pour décembre prochain sera à lire attentivement. On peut d’ailleurs participer à titre de simple citoyen au débat que le MRI a enclenché récemment pour compléter la consultation des organisations faite en mai et juin dernier.

L’Agence québécoise de solidarité internationale : une nécessité

Il est clair que la pleine maîtrise de notre développement au Québec en matière de coopération internationale participe du mouvement d’affirmation nationale au Québec, mouvement ouvert sur le monde depuis René Lévesque jusqu’à aujourd’hui. Dans un futur rapproché, le gouvernement du Québec pourrait avancer $50 millions pour créer dès maintenant l’AQSI et simultanément demander le rapatriement du $800 millions que nous injectons comme Québécois annuellement dans l’ACDI. Très nombreuses sont les organisations qui appuieraient une telle démarche. Et toutes sont conscientes des écueils de cet ambitieux projet. Sans espérer le grand soir de la coopération internationale québécoise rapatriant du fédéral ce qui lui revient, des choses relativement inédites peuvent être entreprises dès maintenant. C’est une des directions que le comité AQSI pourrait prendre dans son rapport de décembre prochain d’autant plus que le ministre Lisée, dans une tournée de quelques pays d’Afrique de l’Ouest, annonçait déjà la couleur.

À ce propos, on retrouve en effet dans son blogue quelques belles trouvailles dans son article Notes africaines Belles trouvailles comme celle d’avoir trouvé sur son passage un projet de SOCODEVI au Sénégal : « Dimanche matin, raconte-t-il, 200 femmes vêtues de robes blanches et orange nous attendent en banlieue de Dakar pour partager leur fierté. Elles sont des coopérantes. Elles fabriquent du savon artisanal et retirent une « motivation » (un revenu) croissante. Les organisatrices ont affiché dans la grande salle des tableaux de la croissance de la production, de la diversification des produits, du nombre de membres, et des « motivations » pour les dernières années. Impressionnant. On m’explique chaque tableau, chaque chiffre, on m’expose les objectifs pour la suite. En quoi cela concerne-t-il le ministre blanc venu du Québec ? Ce sont des Québécois de la SOCODEVI, le bras international des coopératives québécoises, qui conseillent ces femmes. Qui « professionnalisent » leur fonctionnement, leur comptabilité, leur mise en marché. Et ils le font avec un budget du Programme de solidarité de notre ministère. Je suis donc en présence d’une illustration concrète de la solidarité québécoise. Accompagner la création d’emploi, assurer l’autonomie, permettre que des centaines de femmes, à l’autre bout du monde, soient rayonnantes de fierté. »

Et de poursuivre plus loin dans son texte : « …Mercredi nous sommes dans le bureau de Moussa Dosso, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle de Côte d’Ivoire. Autour de la table: des représentants de Cégep international et du Cégep de Trois-Rivières. Nous expliquons à M. Dosso que, la veille, à Dakar, on a célébré le fait que Cégep International a remporté un appel d’offres de deux millions de dollars de la Banque mondiale pour aider l’Institut d’enseignement professionnel et technique à installer huit centres de formation techniques dans le pays pour former la ressource la plus importante pour l’économie locale: des techniciens. »

Bref, le ministre nous semble au diapason de bien des acteurs de la coopération solidaire Nord-Sud du Québec même si son texte ne parle pas que de celles des coopératives et des collèges. De même, il n’y a pas que l’Agence québécoise de solidarité internationale qui est dans la marmite. Il y a la question des outils financiers de la solidarité internationale qui fait peu à peu son chemin suite à une proposition du GESQ à la Commission parlementaire sur le projet de loi 27 en économie sociale. J’ai présenté cette proposition au Comité conjoint AQOCI/MRI qui m’avait invité à titre de chercheur à leur consultation de mai-juin dernier. Suite à ma présentation, on m’a suggéré, les gens de l’AQOCI comme ceux du MRI de leur fournir un texte à ce propos. Lequel fut déposé récemment au dit comité.

Une nouvelle forme de solidarité par un outil financier : une expérience française qui vaut le coup

Le postulat de ce texte qui sortira bientôt est le suivant : depuis plus de 40 ans, les OCI du Québec agissent principalement à partir du dispositif des dons en provenance du public et des gouvernements. Mais un soutien, notamment pour financer des infrastructures économiques locales dans le Sud, est un besoin urgent notamment du côté des organisations paysannes mais notre coopération de proximité ne répond adéquatement à cette préoccupation. Cela commande que la logique du don soit complétée par une autre qui est d’accompagné des projets par une pratique de prêts et de garanties de prêts. L’avenir de la solidarité internationale repose sur cette association complémentaire du don et du prêt et sur une plus grande autonomie de financement des OCI. Y a-t-il des expériences qui vont dans ce sens ailleurs. Dans mes recherches des 10 dernières années, j’ai tombé sur l’expérience la plus pertinente qui soit pour le Québec en la matière : l’expérience française de la SIDI, la Société internationale pour le développement et l’investissement.

L’OCI française Terre solidaire avec la SIDI, son bras financier, pratique depuis 30 ans le prêt et la garantie de prêt à de petites et moyennes entreprises au Sud. Née en 1983 la Société internationale pour le développement et l’investissement est une société financière qui octroie des prêts et des garanties de prêts pour accompagner des projets de développement local comme celui de l’électrification par le solaire dans 90 villages sénégalais, expérience dont j’ai déjà traité dans ce blogue. Au 1er janvier 2011, le fonds géré par la SIDI atteignait un encours de $60 millions d’euros apportés par près de 5 000 souscripteurs. Aux dernières nouvelles, la SIDI est dotée d’un capital de 15,4 millions d’euros dont 96% sont investis auprès de 65 partenaires dans 30 pays du Sud en appui financier et technique à des servies d’épargne, de crédit, d’accès au marché…Bref en 30 ans, nous dit l’organisation, elle a financé des centaines de milliers de petits entrepreneurs ruraux et urbains. Bref on en reparle mais vous voyez un peu où cela pourrait nous amener si le gouvernement du Québec y mettait un peu du sien (par l’intermédiaire du MRI0 en soutenant un projet issu de cette coopération internationale de proximité que nous menons depuis quelques bonnes décennies avec des antennes dans le Sud on ne peut plus pertinente.

En effet, si on s’inspirant de cette expérience entre autres, on peut aller plus loin et en faire un projet global de notre coopération de proximité avec le Sud. Il s’agirait d’un fonds d’investissement bâti à l’image de nos fonds de travailleurs. Ce fonds pourrait être soutenu par des fonds publics (une subvention de départ du gouvernement du Québec par l’intermédiaire du MRI). L’argent viendrait aussi de gens motivés par la coopération Nord-Sud qui y consentent une partie de leurs épargnes. Finalement, par le placement de sommes en provenance d’organisations syndicales, coopératives, de solidarité internationale, d’associations professionnelles…On en reparle.

Discussion

Commentaire pour “Solidarité internationale : une nouvelle période s’ouvre peut-être”

  1. [...] un billet précédent j’ai évoqué ce thème d’une finance solidaire québécoise dédié à des projets au Sud. Je signalais que depuis plus de 40 ans, les OCI du Québec agissent principalement à partir du [...]

    Écrit par Oikos Blogue | Finance solidaire : un fonds dédié à l’épargne pour des communautés du Sud | novembre 26, 2013, 6 h 05 min

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