À coup de déclarations communes, les négociations de la conférence des Nations Unies sur le climat, qui s’ouvre le 7 décembre à Copenhague, ont véritablement commencé en fin de semaine dernière. Sans aller jusqu’à considérer le scénario catastrophe de l’échec de ces négociations, il faut d’ores et déjà penser que les négociations vont se poursuivre dans l’année 2010, soit au moins jusqu’au vote du Congrès des États-Unis sur le projet de loi d’Obama sur le climat.
C’est d’abord la France et le Brésil qui ont joint leurs forces, à la fin de la semaine dernière, pour faire pression sur les États-Unis et la Chine qui se rencontraient dans le cadre du Forum de coopération Asie-Pacifique (APEC). Les présidents français et brésilien, Nicolas Sarkozy et Luiz Inacio Lula da Silva, ont en effet rendu public un document commun autour duquel ils espèrent rallier le plus grand nombre de pays possible.
« Notre texte est plus qu’une lettre d’intention, il doit être notre bible climatique », a déclaré le président Lula. « Nous n’avons pas le droit de laisser le président Obama et le président Hu Jintao célébrer un accord prenant pour base les réalités économiques de leurs seuls pays (…) sans tenir compte des responsabilités que nous devons avoir avec l’ensemble de l’humanité ». Dans leur déclaration commune, la France et le Brésil affirment notamment soutenir les objectifs de limitation du réchauffement climatique à 2°C au-dessus des niveaux pré-industriels et de réduction des émissions mondiales de CO2 d’au moins 50 % d’ici 2050 par rapport à 1990.
Les deux pays plaident pour un soutien financier substantiel aux pays les plus pauvres et plus vulnérables, et ils s’accordent également sur la nécessité de créer une Organisation mondiale de l’environnement en 2012. Ils se sont donnés l’objectif de faire une tournée mondiale pour soutenir leur effort commun dans leur aire d’influence respective et au-delà.
Malgré cet appel, Barack Obama et les dirigeants des pays de l’APEC ont jugé irréaliste de parvenir à un accord légalement contraignant sur le climat lors de la conférence internationale de Copenhague le mois prochain. Les dirigeants qui se sont réunis à Singapour ont soutenu l’idée de l’obtention d’un accord en deux temps – politique d’abord, légalement contraignant ensuite – présentée par le Premier ministre danois, Lars Lokke Rasmussen, invité surprise du sommet de Singapour. Les 21 pays croient qu’il faudra attendre la conférence de Mexico, en 2010, pour parvenir à un accord légalement contraignant qui succéderait au protocole de Kyoto.
Ils ont malheureusement raison. L’accord de Kyoto ne s’appliquait qu’à un nombre relativement restreint de pays (38 pays industrialisés) et les efforts qu’il exigeait (baisse de 5,2 % par rapport à 1990) de ces derniers pouvaient se réaliser sans un changement radical des manières de faire. Le nouveau protocole dont il est question devrait s’appliquer à tous les pays et exiger des réductions globales de 25 à 40 %, selon les scientifiques, mais qui seront plus vraisemblablement au niveau de 20 % en 2020 par rapport à 1990. Là, ce n’est plus à de simples changements marginaux, négligeables dans la vie de tous les jours auxquels nous devrons faire appel, mais à un changement beaucoup plus fondamental de nos manières de produire, d’échanger et de consommer. Penser qu’un tel protocole peut réalistement être paraphé dans le mois qui vient par les 190 pays qui vont participer aux négociations relève, me semble-t-il, de la pensée magique.
Fort justement, le Premier ministre danois leur a rappelé l’importance de parvenir à un accord complet lors du sommet de Copenhague du 7 au 18 décembre, même si la signature de clauses contraignantes doit être repoussée à plus tard. Une nouvelle réunion internationale sur le climat est prévue à Bonn mi-2010.
« L’accord de Copenhague devrait au final (déboucher sur) la poursuite des négociations contraignantes et fixer une date limite pour leur conclusion », a-t-il dit. « Nous ne pouvons pas nous satisfaire de la moitié d’un accord à Copenhague et reporter le reste à plus tard. Je ne partage pas l’avis selon lequel il serait possible à Copenhague de parvenir à une partie de l’accord et pas à l’autre. Nous avons besoin d’engagements, nous avons besoin de chiffres, nous avons besoin d’actes. »
Ce qui est malheureux, cependant, c’est que l’engagement en faveur d’une réduction de 50 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 a disparu du projet de communiqué final de l’APEC. Gageons que les grandes compagnies pétrolières et le gouvernement canadien ont tout fait pour que cette cible soit mise de côté.
[...] ces négociations multipartites, tout ne se jouera pas en quelques jours. Comme nous le disions dans notre article, hier, on peut tout de suite prévoir que ces négociations se poursuivront en 2010. À [...]
[...] moins que la vie sur la planète telle que nous la connaissons aujourd’hui. Comme nous le disions dans un article précédent, nous ne nous attendons pas à ce qu’un traité soit signé ce mois-ci. Mais un signal fort doit [...]