Les économistes québécois sont décalés par rapport au reste du monde : ils en sont encore à perdre toute leur crédibilité à chercher à justifier un système fiscal producteur d’inégalités croissantes, qui ont ailleurs dominé la profession pendant les trente dernières années, alors qu’on voit émerger une nouvelle pensée économique dénonçant l’aveuglement des économistes à faire la part trop belle à l’idéologie ultralibérale.
Par exemple, les propositions faites par une trentaine d’experts de tout horizon conduits par les économistes Joseph Stiglitz et Jean-Paul Fitoussi (The Shadow Gn) pour sortir de la crise et construire un monde plus soutenable, équitable et avec davantage de cohésion sociale. Les mesures qu’ils nous proposent cherchent non seulement à tempérer les conséquences de la crise, mais surtout à engager les changements nécessaires pour éviter que la crise ne se répète. Ce que nous disent ces spécialistes est assez clair : d’une part, les pots cassés doivent être payés par ceux qui ont le plus profité du modèle (ultralibéral) qui nous a mené à la crise; d’autre part, il faut revenir vers un modèle d’État social fondé sur une plus grande justice fiscale. Autrement dit, il faut redonner aux États les moyens de leurs ambitions de justice et d’égalité.
Récemment, l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, David Dodge, estimait que les gouvernements seront bientôt obligés de choisir entre des hausses d’impôts et la réduction des services de santé. D’une certaine manière, il rappelait à sa façon cette vérité : ou bien nous continuons avec les vieilles recettes de la pensée économique des trente dernières années, qui nous mène logiquement à réduire les services, ou bien nous acceptons de réaliser un tournant vers un État qui se redonne les moyens d’agir. Or, ce dernier scénario n’est viable que si l’État le fait sur la base d’une plus grande justice fiscale.
Autre exemple, celui de Dominique de Villepin qui, voyant Sarkozy dans la soupe chaude face à la montée de la grogne, se positionne pour les prochaines présidentielles en réclamant une « France solidaire » avec plus de justice fiscale, prônant la suspension du bouclier fiscal – mesure fiscale qui plafonne l’impôt des plus riches à 50 %, ce qui a conduit à diminuer les impôts de ces derniers –, la hausse des impôts, y compris de l’impôt sur les sociétés, la mise en place de mesures pour limiter les trop grands écarts de salaire, etc., se disant porteur d’un programme de gaullisme social ou de centre-gauche…
Quand le centre se déplace vers le centre-gauche, c’est peut-être quelque chose comme le signe d’un nouveau changement !
[...] je l’indiquais dans un billet précédent, il est temps d’imposer un tournant majeur pour une plus grande justice fiscale. La doctrine ultralibérale, qui a conduit à une forte croissance des inégalités après trois [...]
[...] des idées de réforme de la fiscalité. Déjà au printemps de l’an passé, je faisait état dans OikosBlogue des déclarations de Dominique de Villepin qui se positionnait pour ces présidentielles en réclamant plus de « justice fiscale ». Mais [...]