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Le samedi 23 avril 2022

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Changer l’image du « pétrole sale » ?

Alors que, d’une part, la grande nappe de pétrole de BP continue de s’élargir et de faire ses ravages dans le Golfe du Mexique et que, d’autre part, les groupes environnementaux continuent à marquer des points dans leur lutte contre le « pétrole sale », les pétrolières qui exploitent les sables bitumineux de l’Alberta lancent une campagne pancanadienne de relations publiques « pour faire part à la population de l’amélioration de leurs dossiers environnementaux. » Rappelons que l’Alberta, qui jouit de la deuxième plus grande réserve pétrolière au monde — soit plus de 174 milliards de barils — derrière l’Arabie saoudite, représente l’adversaire le plus important à une politique sur le climat au Canada.

Tant au Québec, avec la campagne initiée par Équiterre, qu’à l’étranger, où les groupes écologistes et les institutions financières responsables font bouger des acteurs politiques influents, l’exploitation des sables bitumineux est l’objet de plusieurs critiques, qui déplorent la quantité phénoménale de gaz à effet de serre produite lors du raffinage en plus des impacts catastrophiques sur les communautés avoisinantes et sur les ressources en eau des régions touchées.

Comme le mentionne l’article cité plus haut, le président américain Barack Obama avait d’ailleurs fait allusion à « l’imposante empreinte de carbone » imputable aux sables bitumineux, lors de sa première visite au Canada. D’autres législateurs aux États-Unis ont également manifesté leurs inquiétudes — en 2008, des maires ont adopté une résolution pressant les villes d’interdire l’usage d’essence dérivée des sables bitumineux dans les véhicules municipaux. De plus, deux géants du détail aux États-Unis ont promis de ne jamais acheter de carburant issu des sables bitumineux de l’Alberta, dans leur lutte contre les changements climatiques.

On comprend donc aisément que les pétrolières veuillent améliorer leur image. Mais le problème c’est qu’elles veulent « verdir » leur image sans changer leurs pratiques. Les actionnaires d’ExxonMobil, la société mère d’Impérial, qui détient une participation de 25 % dans Syncrude Canada, le plus important développement de sables bitumineux au monde, ont récemment rejeté, en Assemblée générale annuelle à Dallas, une résolution exigeant la publication d’un rapport sur les répercussions à long terme de ses activités de sables bitumineux. Tout de même, 26,4 % des actionnaires ont approuvé la résolution, que le conseil d’administration avait suggéré de rejeter. C’est significatif de la grogne qui monte.

Mais une étude publiée récemment par le groupe étatsunien Ceres, Canada’s Oil Sands: Shrinking Window of Opportunity, dévoile que les risques financiers et environnementaux découlant de l’exploitation des sables bitumineux sur de vastes territoires en Alberta sont encore plus importants que ceux des puits offshore dans le Golfe du Mexique. Ce qui inquiète le plus les intervenants, c’est le fait que les grandes pétrolières du monde, dont ExxonMobil, BP, Shell, s’apprêtent à investir autour de 200 milliards $ dans de nouveaux projets de sables bitumineux sans qu’il y ait un cadre réglementaire adéquat qui régisse le secteur. En d’autres mots, ces groupes dénoncent l’absence de volonté du gouvernement canadien à réguler ce secteur d’activité.

« The risks for companies involved in developing Canada’s oil sands are arguably greater than those in the Gulf of Mexico, » affirme Mindy Lubber, présidente du Ceres. « The energy-and water-intensive nature of oil sands, combined with climate change regulations, permitting obstacles and other challenges, are a recipe for diminishing revenues and returns if not properly managed. »

Le rapport souligne que les futures réglementations sur les GES, les poursuites en cours de la part des communautés riveraines, les contraintes sur les ressources ainsi que d’autres enjeux sociaux et environnementaux rendent l’exploitation des sables bitumineux extrêmement risquée pour les investisseurs.

Discussion

Commentaire pour “Changer l’image du « pétrole sale » ?”

  1. [...] This post was mentioned on Twitter by Stephanie Baron, Nicole Nepton. Nicole Nepton said: Les risques découlant de l’exploitation des sables bitumineux en Alberta plus importants que ceux des puits du Golfe http://bit.ly/baJp8Q [...]

    Écrit par Tweets that mention Oikos Blogue | Changer l’image du « pétrole sale » ? -- Topsy.com | juin 1, 2010, 8 h 48 min

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