De plus en plus se confirme le fait que le Québec est assis sur une richesse énergétique fossile immense. Il est urgent que le Québec se donne les moyens de réfléchir à la meilleure façon d’exploiter ces ressources, pour les générations actuelles et futures, en tenant compte des enjeux climatiques. Ce n’est pas une évaluation stratégique, réalisée par une firme en total conflit d’intérêt, qui peut répondre à ces enjeux. Ça ne peut être fait que par un vaste débat public pour une politique énergétique québécoise. Or dans ce domaine, c’est le vide total !

La première étape devrait obligatoirement passer par une étude sous l’égide du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), comme le réclame une soixantaine de groupes sociaux et environnementaux regroupés dans la Coalition Saint-Laurent. L’évaluation environnementale stratégique en cours sur la mise en valeur des hydrocarbures du golfe du Saint-Laurent, nous disent ces groupes, souffre de graves lacunes. C’est pourquoi ils réclament que Québec lance une étude beaucoup plus vaste pour s’assurer d’avoir en main des connaissances plus complètes sur cet écosystème fragile, tout en donnant à la population la possibilité de questionner la pertinence d’ouvrir le golfe aux pétrolières.

Pour faire l’évaluation environnementale stratégique (EES) du golfe et de la baie des Chaleurs — un territoire de 110 000 km2 dont l’écosystème est intimement lié à l’estuaire —, le gouvernement alloue un budget tout à fait ridicule de 748 500 $, qui va à la firme Genivar. Rappelons que cette firme a récemment acquis une entreprise albertaine spécialisée dans la conception et la gestion d’installations pétrolières et gazières ! En plus, ce ridicule budget pour mener l’EES comprend la démarche de consultation publique ! Encore une fois, ce gouvernement ne comprend pas le message que la population de mettre fin à la collusion. « Si le pétrole et le gaz naturel peuvent rapporter des milliards de dollars au cours des prochaines années, affirme Karel Mayrand, directeur général de la Fondation David Suzuki au Québec, pourquoi est-ce qu’on ne peut pas trouver plus que 748 500 $ pour étudier le sujet ? » Le rapport préliminaire de 670 pages, terminé en mars dernier, a été rendu public le 3 octobre, soit le jour même du début des consultations qui doivent se terminer le 2 décembre. C’est tout à fait inacceptable.

Ça l’est d’autant plus que, lorsque l’on donne la parole à la population, on obtient des mandats absolument clairs de prudence dans l’exploitation des énergies fossiles dans le golfe. Ainsi, pas moins de 1200 lettres de propriétaires des Îles-de-la-Madeleine, qui refusent à Gastem l’accès à leur terrain, ont été déposées lors d’un conseil d’agglomération des Îles tenu au début d’octobre. Gastem veut forer un puits de 2500 mètres afin d’évaluer le potentiel en gaz naturel sur l’archipel. Sur un petit territoire si fragile, comment peut-on concevoir une exploitation d’énergie fossile, avec des risques tellement considérables, sans songer consulter les intéressés ?

Mais ce n’est pas que les Madelinots qui sont concernés par cet enjeu de l’exploitation des ressources énergétiques du golfe. Tous les Québécois le sont. Et ils le sont d’autant plus que le gouvernement en place est lié aux intérêts des lobbys du pétrole et du gaz. Dans le cas du golfe, le scandale récent des vidéos favorables à l’exploitation pétrolière et gazière, n’est qu’un parmi plusieurs exemples montrant le parti-pris du gouvernement. Alors que même le rapport préliminaire produit par Genivar a mis en lumière les carences dans les connaissances relatives aux effets qu’aurait une marée noire et sur les moyens d’y faire face.

Dans un prochain texte on verra que ces risques sont majeurs.